Pacte de responsabilité : qui va payer la note ?

Par Fabien Piliu  |   |  507  mots
Qui financera le Pacte de responsabilité ?
Ce mardi après-midi, lors de son rendez-vous avec la presse, François Hollande devrait confirmer un allègement des charges pesant sur le travail des entreprises. A quelle hauteur ? Le Medef estime pouvoir créer 1 million d’emplois d’ici cinq ans si les allègements de charges atteignent 100 milliards d’euros…

Le Medef bluffe-t-il ? Bien décidé à saisir la main tendue par le chef de l'Etat lors de ses vœux aux Français, le Medef s'est dit prêt à signer - symboliquement - dans les plus brefs délais le Pacte de responsabilité proposé par François Hollande. En contrepartie d'un allègement des charges pesant sur le travail et une accélération de la simplification administrative, règlementaire et fiscale, les entreprises sont sommées de créer des emplois.

Un va-tout ?

En proposant ce pacte aux entreprises, François Hollande joue presque son va-tout. Il sait que seule une réelle inversion du nombre de demandeurs d'emplois, durable, pourrait le placer en bonne position avant les prochaines élections présidentielles de 2017. Il sait que le seul bilan qui vaudra sera celui qu'il affichera en matière d'emplois.

Bien conscient de la fragilité de l'exécutif, qui se traduit par une chute inédite de la popularité du chef de l'Etat et de son premier ministre, le Medef en profite.

Un million d'emploi en cinq ans

" Les chefs d'entreprise sont prêts à se mobiliser pour créer un million d'emplois dans les cinq prochaines années, en contrepartie de 100 milliards d'allègements fiscaux et d'une baisse du coût du travail ", a déclaré Pierre Gattaz, le président de l'organisation patronale dans la foulée du discours de François Hollande le 31 décembre.

Sachant que le gouvernement s'est engagé à ce que les baisses de charges promises, très probablement celles qui financent la branche famille de la Sécurité sociale, ne soient pas compensées par une augmentation des prélèvements obligatoires mais par des économies, l'exécutif est dos au mur.

Un effort gradué

S'il doit financer cette baisse des charges par de simples économies, il n'a pas d'autres solutions que de graduer son effort. En 2015, il ne pourra pas proposer plus de 5, 10 ou 15 milliards d'euros dès 2015 - ce sont les chiffres qui circulent - d'allègements de charges aux entreprises. Celles-ci pourraient-elles s'en contenter ?

Certes, ce qui est pris n'est plus à prendre. Pour convaincre les entreprises de ses bonnes intentions, le gouvernement devra leur promettre que cet effort se prolongera chaque année jusqu'à la fin du quinquennat. Sera-t-il toujours financé par des économies ? Pour l'instant, l'engagement du chef de l'Etat est clair sur ce point. Après les 15 milliards d'euros d'économies du budget 2014, 50 milliards d'euros supplémentaires devraient être trouvées de 2015 à 2017 pour réduire le déficit uniquement. Pour financer ce nouveau pacte, de nouvelles économies devront donc être dégagées. Dans quels secteurs ?

"Nous devons faire des économies partout où elles sont possibles", a précisé François Hollande  le 31 décembre. Tout le monde est donc dans le collimateur : l'Etat et ses opérateurs, la Sécurité sociale et les collectivités locales. Dès la fin du mois, le ministère du Budget et les autres ministères commenceront leurs discussions. En avril, chaque ministère saura à quelle sauce il sera mangé.