C'est raté, la courbe du chômage ne s'est pas inversée en 2013... mais elle a freiné !

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  694  mots
le président de la République peut s'attendre à un flot de critiques pour ne pas être parvenu à son objectif. Il s'y attendait, puisqu'à maintes reprises il a signifié que l'emploi restait sa principale bataille pour 2014, tendant même la main au patronat avec le fameux "pacte de responsabilité".
Pour François Hollande et le gouvernement, c'est raté. Avec une hausse de 0,3% du nombre des demandeurs d'emploi en décembre, la courbe du chômage ne s'est pas inversée. Mais le ministre du Travail pourra trouver une consolation dans le net ralentissement de la hausse: 177.800 chômeurs de plus (catégorie "A") en 2013 contre 283.000 supplémentaires en 2012.

Politiquement parlant, les dernières statistiques sur le nombre des demandeurs d'emploi vont faire très mal. Elles attestent que François Hollande a perdu son pari de parvenir à une baisse du nombre des chômeurs à la fin  2013. Et le fait que la progression du nombre des chômeurs a singulièrement freiné passera totalement inaperçue dans ce contexte...

10.200 chômeurs de plus en un mois  et  pus de 177.000 en un an

De fait, les données de décembre montrent, au contraire, une nouvelle hausse du nombre des demandeurs d'emploi, (+ 0,3%, soit 10.200 personnes) en catégorie "A" en France métropolitaine (+ 0,2% si l'on tient compte des Dom). Sur un an (depuis décembre 2012), cette hausse atteint 5,7%. Il y avait très exactement 3.125.400 demandeurs d'emploi en catégorie "A" en décembre 2012, ils sont 3.303.200 à la fin décembre 2013. Et le constat est exactement le même si, cette fois, on ajoute les catégories "B" et "C" (chômeurs ayant occupé une activité réduite). En décembre 2012, le nombre des demandeurs d'emploi inscrits en catégories "A,B et C" étaient de 4.619.400, ils sont 4.898.100 à la fin 2013, soit une progression sur un an de 6% et de 0,5% sur un mois.

Les jeunes sans emploi de moins de 25 ans sont les seuls à bénéficier d'un vent porteur grâce à la politique des contrats aidés: il sont 535.100  inscrits au chômage à la fin décembre 2013, soit une baisse de...0,3% depuis décembre 2012. Toutes les autres catégories progressent.

Hausse préoccupante du chômage de longue durée

D'autres données sont préoccupantes et montrent que pour le gouvernement l'embellie tant attendue n'est pas encore pour tout de suite, c'est d'ailleurs ce que l'Insee et l'Unedic (l'organisme qui gère l'assurance chômage) avaient pronostiqué. Ces deux institutions ne croient toujours pas à une baisse du chômage en 2014, il y aurait, au mieux, une stabilisation.

Le nombre des demandeurs d'emploi au chômage depuis plus d'un an atteint 2.054.500, soit une hausse de...de 13,3% sur un an. Pis, ceux qui sont au chômage depuis trois ans a explosé (+18%)... Résultat, avec cette augmentation de la durée du chômage, la part des demandeurs d'emploi indemnisés par l'assurance chômage atteint 40,1%, en baisse de 1,2 point sur un an. Une donnée importante alors que demain 28 janvier doit se tenir la deuxième séance de négociation entre le patronat et les syndicats pour redéfinir les droits à indemnisation des chômeurs. A l'inverse, la part des demandeurs d'emploi bénéficiant du régime de solidarité nationale (notamment ceux qui ont épuisé leurs droits à l'assurance chômage) progresse de 0,7 point en un an.

Alors certes le président de la République peut s'attendre à un flot de critiques pour ne pas être parvenu à son objectif. Il s'y attendait, puisqu'à maintes reprises il a signifié que l'emploi restait sa principale bataille pour 2014, tendant même la main au patronat avec le fameux "pacte de responsabilité".

Un  très net ralentissement de la courbe aux troisième et quatrième trimestres

Lui et son ministre du Travail Michel Sapin pourront se consoler en constatant que la progression du chômage a nettement ralenti, même si ce n'est pas une donnée très facile "à vendre". Pourtant, en 2012, le nombre des inscrits en catégorie "A" avait progressé de 283.800 (+10%). En 2013, ils n'augmentent "que" de 177.800 (+5,7%). Et la segmentation de  l'année 2013 montre bien ce niveau de décélération encourageant pour l'avenir, surtout si la croissance est de la partie: au premier trimestre, en moyenne mensuelle, le nombre de demandeurs d'emploi progressait de 33.000, un volume qui a baissé à 18.000 au deuxième trimestre, puis à 5.500 au troisième et, enfin, à 2.500 au quatrième trimestre. Pour se rassurer, le gouvernement note aussi qu'au quatrième trimestre, il y a eu 1.200 chômeurs de moins chez les adultes âgés de 25 à 50 ans. Les données qui "plombent" les chiffres du chômage concernent donc surtout les demandeurs d'emploi de plus de 50 ans.

Même si c'est objectivement et techniquement exact, c'est invendable. Une seule chose sera retenue: le chômage de masse est toujours là. Et bien là.