Affaire Tapie : nouvelle audition pour Christine Lagarde

Par latribune.fr  |   |  504  mots
Déjà témoin assisté devant la Cour de Justice de la République, la directrice générale du FMI est ressortie sous le même statut de cette audition.
La Cour de Justice de la République a une fois de plus interrogé l'ancienne ministre de l'Economie sur son rôle dans l'arbitrage en faveur de Bernard Tapie en 2008. Le conseil d'administration du FMI dit apporter sa confiance à sa directrice générale.

La directrice générale du Fonds Monétaire International (FMI) Christine Lagarde a été de nouveau entendue, le 31 janvier, par la Cour de Justice de la République (CJR). Motif de cette convocation: le rôle qu'elle a joué en tant que ministre de l'Économie, à l'époque de l'arbitrage en faveur de Bernard Tapie, dans le conflit qui opposait l'homme d'affaires au Crédit Lyonnais sur la vente d'Adidas en 2008.

Lagarde reste témoin assisté

L'audition, qui a eu lieu en toute discrétion, aurait duré "plusieurs heures", selon l'AFP. L'ex-ministre en est ressortie en tant que témoin assisté, comme à l'issue de sa précédente audition devant la CJR en mai 2013. A l'époque, elle avait cependant échappé de peu au statut judiciaire de "mise en examen".

Des juges du pôle financier ont déjà mis en examen cinq acteurs de ce dossier pour "escroquerie en bande organisée" : Bernard Tapie, qui avait bénéficié de 403 millions d'euros en réparation de son préjudice lors de la vente d'Adidas par le Crédit Lyonnais, son avocat Maurice Lantourne, l'un des trois juges arbitres Pierre Estoup, l'ex-directeur de cabinet de Mme Lagarde, Stéphane Richard, et Jean-François Rocchi, patron à l'époque du CDR, la structure chargée de gérer l'héritage du Crédit Lyonnais.

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Qui savait quoi ?

Les juges essaient de faire lumière sur la responsabilité de chacun de ces protagonistes, qu'ils soupçonnent d'entente illicite et de "simulacre" d'arbitrage en faveur de Bernard Tapie.

Les versions de Stéphane Richard, désormais PDG d'Orange, et de l'ancienne ministre Christine Lagarde, s'opposent. En garde à vue en juin 2013, le premier avait réfuté la thèse selon laquelle il pouvait avoir agi sans le consentement de sa ministre. Un mois auparavant, cette dernière s'était pourtant désolidarisée de son ex-directeur de cabinet lors de son audition devant la CJR.

Question sur une lettre "griffée"

Les juges s'interrogent notamment sur une lettre datée du 23 octobre 2007, une des seules instructions écrites de Christine Lagarde figurant au dossier. Ils pensent qu'elle a pu être paraphée par la "griffe", une signature pré-imprimée susceptible d'être utilisée par son directeur de cabinet en son absence.

Mais devant les parlementaires en 2008, Mme Lagarde avait confirmé "avoir donné des instructions" pour soutenir "la décision du CDR d'aller en arbitrage" et assumé "la responsabilité des instructions écrites". Elle avait entre autres évoqué cette lettre du 23 octobre.

Le FMI soutient sa directrice

Comme lors de sa précédente audition, en 2013, le conseil d'administration du Fonds monétaire international, que Christine Lagarde dirige, lui a publiquement signifié sa confiance. Gerry Rice, porte-parole de l'institution, a indiqué:

"Le conseil d'administration a été informé de cette affaire, y compris cette année, et a réaffirmé sa confiance dans les capacités de la directrice générale à assumer efficacement ses fonctions"

(Article créé le 06/02/2014 à 15:10, mis à jour à 16:58)