La Suisse, la destination préférée de ceux qui ont choisi l’exil

Par Fabien Piliu  |   |  724  mots
La Suisse est le pays préféré des expatriés
Selon une étude la Chambre de commerce et d’industrie de Paris, entre 1,5 et 2 millions de Français résident à l’étranger. Cette population est en grande majorité qualifiée et active, les motivations professionnelles étant les principales causes de leur expatriation.

La France irait si mal, la fiscalité des ménages et des entreprises serait si lourde, que les candidats à l'exil se multiplieraient ces dernières années. Les rumeurs vont bon train mais la réalité est difficilement observable.

Pour tenter d'y voir plus clair, la Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) s'est saisie du dossier.

Publiée ce mercredi, son enquête estime que le nombre de Français à l'étranger serait compris dans une fourchette de 1,5 à 2 millions de personnes. Précisément, le ministère des Affaires étrangères recense 1.611.054 inscrits au Registre mondial des Français établis hors de France au 31 décembre 2012. Mais le quai d'Orsay estime qu'il faudrait sans doute ajouter environ 500.000 français non-inscrits, en raison du caractère non obligatoire de cette inscription.

La carrière avant tout

Qui est parti ? " Cette population est en grande majorité qualifiée et active, les motivations professionnelles étant les principales causes de leur expatriation ", constate la CCIP. L'opportunité professionnelle étant la première motivation au départ des Français à l'étranger, celle-ci est liée à l'intérêt du poste dans 37 % des cas, à l'augmentation des revenus (32 %) ou bien aux opportunités d'évolutions de carrière (42 %).

" Il est ainsi avéré que les carrières sont souvent plus rapides à l'étranger où le poids de la hiérarchie peut être moins important qu'en France. Ce sont donc des raisons pragmatiques qui pousseraient les Français à travailler à l'étranger où les opportunités sont plus élevées ", avance la CCIP.

Le jeu semble en valoir la chandelle d'un point de vue strictement financier. Selon cette enquête, 57 % des Français de l'étranger gagneraient plus de 30.000 euros nets par an alors que le salaire médian français était de 20.720 euros en 2012, pour un équivalent temps plein.

Où sont-ils partis ? Avec 158.862 Français déclarés, la Suisse est le premier pays d'accueil des Français à l'étranger, derrière le Royaume-Uni, avec 126.049 Français inscrits à la fin de l'année 2012. Viennent ensuite les États-Unis, la Belgique et l'Allemagne où résident plus de 110.000 Français.

Les pays du Maghreb, destination préférée des retraités.

Les pays du Maghreb, avec lesquels la France est très liée économiquement et socialement, constituent des pays d'expatriation importants pour les Français, et notamment pour les jeunes retraités. " Les retraités qui s'installent dans certains pays du Maghreb, comme le Maroc ou la Tunisie, y trouvent un climat clément et jouissent de services dont ils pourraient difficilement bénéficier en France comme des jardiniers, des cuisiniers… ", précise l'étude.

Autre enseignement de cette enquête, les candidats à l'exil et les expatriés sont de plus en plus jeunes, incités par la crise, à chercher un emploi hors de France. Ce phénomène étant très récent, la CCIP refuse néanmoins d'évoquer une tendance de fond. Elle ne donne pas non plus d'explication définitive à l'allongement des durées de séjour, ni sur le fait que les intentions de retour des expatriés ne sont plus aussi marquées qu'auparavant.

" Même si les horizons de retour des Français de l'étranger semblent être moins précis aujourd'hui qu'il y a dix ans, les Français expatriés, dans leur grande majorité, se réinstallent à terme en France. Une des principales motivation est l'attachement aux proches restés en France ainsi, que d'une manière plus générale, un attachement à la culture française ", explique l'étude.

Le nombre des expatriés a explosé en Allemagne

La France est-elle un cas isolé ? " Le niveau de migrations internationales n'a jamais été aussi élevé en valeur absolue qu'à l'heure actuelle. Ainsi, la croissance moyenne annuelle de la population expatriée a été de 1,25 % dans les années 1990 alors qu'elle s'élevait à 2,20 % entre 2000 et 2013. Ceci traduit une accélération des mouvements migratoires qui peut être interprétée comme une mondialisation des échanges de personnes", explique la CCIP, reprenant les statistiques des Nations Unis datés de 2013.

Ainsi, le nombre d'expatriés allemands est passé de 3,2 à 4,2 millions de personnes entre 2000 et 2010. Le Royaume-Uni observait 4,6 millions d'expatriés en 2010, contre 3,7 millions dix ans plus tôt. En 2010, l'Italie comptabilisait 3,6 millions de personnes hors de ses frontières, contre 3,5 millions en 2000.