Le Medef dresse un tableau très noir de l’économie française

Par Fabien Piliu  |   |  657  mots
Pierre Gattaz aprésenté ce mardi le premier numéro de "L'état de santé de l'économie française"
L’organisation patronale publie ce mardi le "carnet de santé" de l’économie française et compare ses éléments constitutifs à ceux de la zone euro, de l’Allemagne et du Royaume-Uni. La France est rarement à son avantage.

Pierre Gattaz aurait-il prêté le serment d'Hippocrate ? Pour se faire entendre du gouvernement, le président de l'organisation patronale a présenté ce mardi lors de sa conférence de presse mensuelle le premier numéro de son "carnet de santé" de l'économie française.

Au total, seize indicateurs macro-économiques sont passés au crible et comparés à ceux relevés dans la zone euro, en Allemagne et au Royaume-Uni. Sans réelle surprise, la France supporte très mal la comparaison avec son puissant voisin d'outre-Rhin.

Un taux de chômage deux fois élevé en France qu'en Allemagne

Quand la croissance du PIB est estimée à +1% en France en 2014, elle est attendue en hausse de 1,8% en Allemagne. Quand la production manufacturière allemande dépasse celle observée avant la crise de 2008-2009, elle se situe en France plus de 15 points en dessous de celle enregistrée en 2007. Résultat, le taux d'emploi marchand des 15-64 ans s'élève à 42,5% en France et à 53,7% en Allemagne où le taux de chômage s'élève à 5,3% en 2013, contre 10,8% de côté-ci du Rhin. " Le taux de chômage en France est 2 fois supérieur à celui de l'Allemagne. Il lui était inférieur entre 2003 et 2007 », assène le document qui sera désormais présenté à la presse à un rythme trimestriel.

Pour expliquer ce décalage, le Medef publie les indicateurs reflétant la compétitivité du pays, tels que le taux de marge, qui s'élève à 28,9% en France contre 39,3% en Allemagne, le poids des prélèvements obligatoires (26,9% de la valeur ajoutée en France contre 16% en Allemagne) ou encore le coût horaire de la main-d'œuvre (35,5 euros en France contre 32,6 euros en Allemagne). " La France connaît un surcoût de 9% par rapport à l'Allemagne, de 22% par rapport à la zone euro ", indique le Medef sur ce point.

Le Royaume-Uni n'a pas été choisi par hasard

La France fait-elle mieux que le Royaume-Uni ? Le Medef ne fait pas cette comparaison par hasard. Là encore, l'économie française supporte mal la comparaison statistique, que ce soit en terme de croissance, de chômage, d'emploi marchand et de dette publique.

Bien entendu, avec ce carnet de santé, le Medef a décidé d'appuyer là où ça fait mal. Engagé dans un bras de fer avec le gouvernement et les partenaires sociaux pour avoir les coudées franches dans le cadre du Pacte de responsabilité, il souhaite indiquer au gouvernement quelles devraient être ses objectifs prioritaires et les réformes à mener pour les atteindre.

Appuyer là où ça fait mal

C'est la raison pour laquelle les points forts de l'économie française sont volontairement occultés. Citons notamment l'attractivité - même si elle décline - du site France, une natalité dynamique, un entrepreneuriat très actif ou encore le niveau élevé de l'éducation comme le rappelle le rapport du Conseil d'analyse économique (CAE) intitulé : " Mondialisation, les atouts de la France " .

Des atouts, quels atouts ?

Et quand ils sont cités, leur fragilité est rappelée. Ainsi, quand le Medef met en avant le faible prix de l'électricité en France, il rappelle que celui-ci est passé de 57 à 90% du prix allemand entre 2007 et 2013 et qu'il dépasse celui en vigueur en Allemagne pour les électro-intensifs.

L'effort en recherche et développement réalisé par le secteur privé dépasse celui des pays de la zone euro (1,24% du PIB contre 1,20% en moyenne), le Medef souligne le retard de la France par rapport aux pays qui comptent en ce domaine : Allemagne, mais aussi la Finlande (2,54%), la Suède (1,94%), les Etats-Unis (1,60%), la Corée du sud (2,68%) ou encore le Japon (2,47%.

" Reste qu'en termes d'effort financier (RD/EBE), les entreprises françaises font aussi bien que les entreprises allemandes ", précise néanmoins le Medef. Ouf, la situation n'est pas si désespérée !