La presse étrangère séduite par la réthorique de Valls

Par Giulietta Gamberini  |   |  734  mots
Les députés ont voté mardi la confiance à leur Premier ministre par 306 voix contre 239. (Photo : Reuters)
Au lendemain du discours tenu par le Premier ministre devant les députés, la presse étrangère souligne son habilité et la portée de ses réformes.

Bien que non prolixe sur le discours de politique générale tenu mardi par Manuel Valls devant l'Assemblée nationale avant d'obtenir le vote de confiance, la presse occidentale semble apprécier la forme, le style personnel du nouveau Premier ministre français, tout comme ses propositions.

Selon The Wall Street Journal, Valls amadoue la gauche comme les patrons

Le quotidien économique américain souligne que Manuel Valls, pour obtenir la confiance, a dû "proposer de petits cadeaux adoucissant le budget, afin d'apaiser les membres de l'aile gauche du Parti socialiste, en colère à cause des récentes ouvertures libérales". Le WSJ souligne en outre que, "tout en ménageant les membres rebelles de sa majorité socialiste, Valls a aussi rendu hommage aux patrons, en déclarant que les soutenir est essentiel dans la lutte contre le chômage".

The Financial Times compare Valls à Renzi

Pour le quotidien économique et financier britannique, en soulignant que la nécessité d'encourager la production et la création d'emplois doit prévaloir sur l'austérité exigée par l'UE, "Valls a adopté une position qui rappelle les politiques pro-croissance de Matteo Renzi". The Financial Times insiste sur l'âme "réformiste" du Premier ministre, dont le discours représente une "avancée claire vers le renforcement du changement politique pro-business adopté cette année par François Hollande".

Rai News évoque un Manuel Valls "calme mais ferme"

Quant au site de la télévision nationale italienne, il insiste sur la détermination de Valls qui, malgré les sifflements de la droite à son discours, "est resté calme mais ferme et a énuméré avec détermination ses propositions jusqu'à ce que l'ambiance devienne moins hostile. Les applaudissements sont arrivés ponctuels et unanimes mais Valls n'a jamais changé d'attitude: sérieux, détérminé, il n'a pas cédé à la tentation de répliquer". Sauf à la fin, quand le Français naturalisé "a fait appel aux sentiments", souligne Rai News.

Die Welt juge le nouveau Premier ministre plus dynamique que l'ancien

De son côté, le journal allemand  note le changement de forme incarné par Valls. Par rapport à son prédécesseur, "plat et peu inspirant", le nouveau Premier ministre fait la différence avec un discours "bien plus dynamique". Pourtant, le portrait qu'il dresse de la France est bien celui d'un pays "sombre", avec "trop d'espoir et pas assez d'espérance", "une fiche de paie trop faible et une feuille d'impôt trop lourde", cite le journal.

FAZ parle d'une réforme de "fond en comble"

Pour le Frankfurter Allgemeine Zeitung, Valls est l'homme du tournant, qui veut réformer le pays "de fond en comble": Pour cela, il n'a pas hésité à "courtiser l'opposition avec de nombreux gestes". Le journal déplore toutefois que le chef du gouvernement ne soit pas "entré dans le détail de son plan d'économie". Sur la question du nombre de régions, que Manuel Valls a l'intention de réduire, et des départements, qu'il veut supprimer, la FAZ pronostique un débat explosif !

El Pais retient un discours usant des ressorts de l'empathie

"On ne peut pas savoir si l'Assemblée nationale finira par inclure ce discours dans son recueil des 'grands moments d'éloquence parlementaire'. Mais l'homme politique socialiste a tenté de donner de l'éclat à son intervention en utilisant l'empathie", remarque le premier quotidien espagnol. "A diverses occasions il s'est adressé à la jeunesse, menacée par l'exclusion et l'inaccessibilité du marché de travail. Le moment le plus émouvant a été la fin", souligne le journal. Sur le fond, observe El Pais, si "les mesures annoncées par Valls visent à concilier croissance et justice sociale", elles sont aussi "sa manière de démontrer à l'Europe que l'on peut aspirer à des comptes assainis (...) sans renoncer aux idéaux républicains".

Pour El Mundo, la réduction des régions est une "décision historique"

Enfin, le quotidien castillan met essentiellement l'accent sur la "décision historique", exposée par le "brillant chef du gouvernement", de réduire de moitié le nombre des régions. El Mundo explique qu'il s'agit d'un "pas très important dans la grande réforme de l'Etat que prévoient les socialistes", "qui supposerait une réduction drastique du nombre de fonctionnaires" au niveau local mais qui paraît "inévitable pour redresser les comptes publics sans augmenter la pression fiscale".