Alstom : Montebourg juge insuffisante l'offre de General Electric

Par latribune.fr  |   |  829  mots
Le gouvernement "souhaite examiner (avec M. Immelt) les voies et moyens d'un partenariat équilibré", a expliqué Arnaud Montebourg dans son courrier. (Photo : Reuters)
Dans une lettre adressée au PDG de General Electric, Jeffrey Immelt, le ministre de l'Energie demande au conglomérat américain de céder à son tour à Alstom ses activités dans le secteur des transports et de préciser ses engagements quant à la création d'emplois.

GE va devoir proposer plus. C'est ce qu'exige Arnaud Montebourg. Lundi, le ministre de l'Industrie a écrit au PDG de General Electric, Jeff Immelt, lui demandant d'améliorer son offre de reprise du pôle énergie d'Alstom, jugée insuffisante :

"En l'état, nous ne pouvons malheureusement pas souscrire aux propositions que vous avez faites, reposant sur la seule acquisition des activités d'Alstom dans le domaine de l'énergie", a affirmé le ministre.

Par son courrier, Arnaud Montebourg répondait, au nom du président François Hollande, à la lettre adressée mardi dernier par le patron du groupe américain au gouvernement français, dans laquelle Jeff Immelt exprimait son intention de constituer "un leader mondial de l'énergie en France", avec des créations d'emplois à la clef.

Inquiétude pour la spération de la branche transports

Le pôle énergie, qui représente 70% du chiffre d'affaires d'Alstom, soit 14,8 milliards d'euros sur l'exercice 2012-2013, revêt "une importance stratégique", a rappelé le ministre dans son courrier :

"C'est singulièrement le cas pour les activités nucléaires, pour lesquelles la France se doit de conserver sa souveraineté technologique", a-t-il souligné.

Arnaud Montebourg a notamment exprimé son inquiétude face à "la séparation et l'isolement de la branche d'Alstom spécialisée dans le transport ferroviaire, si GE s'en tenait au seul rachat de la partie énergie". Il a dès lors suggéré que GE cède à son tour à Alstom Transport ses activités dans ce secteur :

"Il serait hautement souhaitable d'assurer un avenir mondial certain à Alstom Transport, par la cession à cette entité des activités transport de General Electric, incluant les trains de fret et la signalisation, représentant un chiffre d'affaires de 3,9 milliards de dollars", a insisté le ministre.

"Sensibilité particulière" pour l'emploi

Le ministre de l'Energie a également rappelé "la sensibilité particulière du gouvernement" pour le devenir "des métiers et des personnels" d'Alstom. Il a notamment demandé au PDG de GE de "préciser ses engagements" dans la création d'emplois "en détaillant et en documentant leur contenu".

L'exécutif veillera notamment "à ce que les engagements de créations d'emplois ne soient pas éphémères et que les futurs arbitrages qui régiront le devenir des sites industriels ne désavantagent pas la France", a affirmé le ministre, soulignant que le projet de GE implique "à ce jour la migration des centres de décision vers les Etats-Unis".

La division énergétique représente près de 9.000 salariés, soit près de la moitié des effectifs français d'Alstom.

Ouverture au dialogue

L'exécutif français n'a pas précisé comment il pourrait s'opposer à une décision du conseil d'administration d'Alstom favorable à General Electric, mais l'Autorité des marchés financiers (AMF) a été saisie pour s'assurer de la transparence du processus de vente et de l'égalité stricte entre l'offre de GE et celle concurrente de l'allemand Siemens.

Arnaud Montebourg n'a toutefois pas souhaité écarter des discussions avec le conglomérat américain.

"Le gouvernement souhaite examiner (avec M. Immelt) les voies et moyens d'un partenariat équilibré, rejetant une acquisition pure et simple qui, en l'état, conduirait à la disparition d'Alstom", a affirmé le ministre.

Comme exemple de ce genre de "partenariat équilibré", Montebourg a notamment cité l'alliance que General Electric et Safran "ont su nouer dans les moteurs d'avions depuis 50 ans".

 General Electric "prêt à poursuivre le dialogue"

Tout en faisant valoir que son offre actuelle était "bonne pour la France (et) pour Alstom", General Electric a déclaré à l'AFP :

"Comme le souligne notre lettre au Président (François) Hollande, nous sommes prêts à poursuivre le dialogue".

GE propose 12,35 milliards d'euros pour la branche énergie du groupe français.

Le groupe américain a par ailleurs lancé lundi deux offres d'un montant total d'environ 281 millions d'euros pour acquérir les titres de deux filiales d'Alstom cotées en Inde, conséquence de son offre sur la branche énergie de l'industriel français.

Une procédure "transparente", promet Patrick Kron

Plus tôt dans la journée, le PDG d'Alstom, Patrick Kron avait garanti à Siemens que la procédure de cession de la branche énergie de son groupe serait "transparente", lors d'un échange téléphonique avec le patron de l'industriel allemand Joe Kaeser.

Si Alstom a donné sa préférence à GE, il s'est en effet réservé le droit de répondre à des offres non sollicitées, comme celle de Siemens, qui est soutenue par le gouvernement français. Le conseil d'administration d'Alstom a notamment jusqu'à la fin mai pour étudier d'éventuelles offres de rachat pour sa branche énergie, avant d'entrer en négociations exclusives avec le candidat mieux disant.

Siemens a également proposé de racheter les activités énérgie d'Alstom, qu'il évalue dans une fourchette de 10,5 milliards à 11 milliards d'euros, en échange notamment de son secteur trains et métro. Le groupe n'a toutefois pas encore déposé d'offre ferme, contrairement à GE.