Commerce extérieur : pas d’état de grâce pour Fleur Pellerin !

Par Fabien Piliu  |   |  484  mots
La diplomatie économique, l'arme fatale de Fleur Pellerin ?
En mars, le déficit commercial s’est élevé à 4,9 milliards d’euros, soit 1,1 milliard de plus qu’en février. Pour tenter de rééquilibrer la balance commerciale, Fleur Pellerin, passée du ministère délégué au Numérique au secrétariat d’ Etat chargé du Commerce extérieur, peut désormais compter sur la diplomatie économique.

Nommée le 9 avril secrétaire d'Etat chargée du Commerce extérieur, Fleur Pellerin n'aura pas connu d'état de grâce. En mars, le déficit commercial s'est élevé à 4,9 milliards d'euros, soit 1,1 milliard de plus qu'en février !

Les exportations se sont elles effondrées ? Que nenni ! Elles sont simplement stables sur un mois et sur trois mois. Sur un an, elles n'ont progressé que de 0,2% ! Les efforts du gouvernement précédent pour redresser les exportations n'ont donc eu aucun effet, malheureusement.

Des achats « exceptionnels » en mars

Cette dégradation brutale de la balance commerciale s'explique par une poussée des importations, en particulier d'hydrocarbures, et d'un achat, jugé « exceptionnel » par les Douanes, de houille. " La poussée des approvisionnements pharmaceutiques est également considérable du fait d'une importation massive de principes actifs autrichiens. Les hausses pour les automobiles, l'industrie navale, la téléphonie, les produits métalliques et les équipements industriels sont par ailleurs significatives et font plus que compenser le net repli des acquisitions de l'industrie aéronautique ", observent les Douanes

Faire "des tours du monde"

Fleur Pellerin n'ayant pas vraiment les moyens de limiter les flux d'importations, stimuler l'export est donc sa priorité. Qu'est sont les outils à sa disposition ? Devra-t-elle, comme ses prédécesseurs, multiplier les tours du monde avec des chefs d'entreprises dans ses valises pour vanter le made in France, notamment dans les pays émergents qui affichent des taux de croissance insolemment élevés en comparaison de ceux observés en Europe ? Passage obligé pour les ministres du Commerce extérieur, cette stratégie a montré ses limites, en témoignent les statistiques des Douanes. Il faut en effet remonter à 2003 pour observer une balance commerciale excédentaire.

La diplomatie économique à la rescousse

En plus de cet outil classique, la secrétaire d'Etat peut aussi compter sur la diplomatie économique portée sur les fonts baptismaux par Laurent Fabius , désormais en ordre de bataille depuis le rattachement du Commerce extérieur au Quai d'Orsay.

Concrètement, Fleur Pellerin a désormais la main sur l'ensemble des acteurs publics chargés de soutenir les entreprises exportatrices et faire de la promotion du site France. Citons, notamment, Ubifrance, le réseau des chambres de commerce et d'industrie en France et à l'étranger, les 130 conseils économiques récemment créés à l'étranger, les neuf représentants spéciaux dans des pays clés comme la Chine, les Balkans, le Brésil, la Russie ou encore le Japon ainsi que les six ambassadeurs de la diplomatie économique présents dans douze régions.

Avec cet arsenal, réuni au sein d'un même organigramme, le gouvernement possède-t-il l'arme fatale ? Pour mémoire, Nicole Bricq, la ministre du Commerce extérieur jusqu'au 8 avril s'était fixée pour objectif d'équilibrer la balance commerciale des produits manufacturés, en déficit chronique d'une quinzaine de milliards d'euros, d'ici 2017.