L'UMP à l'heure des choix

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  659  mots
L'UMP va devoir clarifier sa ligne politique très rapidement. Reuters
Après la démission de Jean-François Copé du poste de président, l'UMP va organiser à l'automne un congrès "refondateur". Les militants devront trancher entre l'alliance avec les centristes... ou le Front National.

« Les gaullistes chassent en meute », disait-on à l'époque de l'UDR et du RPR. La même constatation prévaut pour leurs lointains héritiers de l'UMP. Ce mardi 27 mai, ils s'y sont mis à plusieurs pour réussir à avoir la tête de Jean-François Copé, contraint de donner sa démission de la présidence de l'UMP, à la suite de l'affaire « Bygmalion ».

Tout le monde s'y est mis : François Fillon bien sûr, qui a prononcé un discours assassin à l'encontre de son rival de 2012, mais aussi François Baroin, Luc Chatel, Bruno Lemaire, Alain Juppé, Xavier Bertrand, etc… Résultat, Jean-François Copé quittera effectivement ses fonctions le 15 juin et un congrès extraordinaire sera organisé à l'automne, notamment pour élire un nouveau président. Tout le reste du bureau de l'UMP ayant également donné sa démission, les pendules vont être remises à l'heure, notamment sur la ligne politique que devra tenir l'UMP.

En attendant, c'est le triumvirat formé par les trois anciens premiers ministres, Alain Juppé, Jean-Pierre-Raffarin et François Fillon, qui tiendra les commandes du parti. Un intérim qui va être bien utile pour tout refonder, qu'il s'agisse de l'organisation et du fonctionnement de l'UMP - et notamment ses finances - que de son logiciel idéologique. D'ailleurs, pour l'automne, Alain Juppé parle déjà d'un « congrès refondateur ».

L'UMP va devoir choisir ses alliances: UDI ou FN ?

Le Maire de Bordeaux a raison. Au-delà du choix des hommes, l'UMP va surtout devoir choisir entre deux lignes politiques. Celle qu'il défend, avec François Fillon et Jean-Pierre-Raffarin ou encore Valérie Pécresse, qui tend à chercher des alliances avec les centristes de l'UDI. Alain Juppé, l'un des fondateurs de l'UMP, a toujours défendu l'idée que le parti devait être celui « du centre et de la droite républicaine ». Mais, il n'est pas certain que se soit la ligne souhaitée par les militants, voire les sympathisants de l'UMP, qui se trouvent sur une ligne plus droitière et qui ne cachent plus leur volonté de trouver un terrain d'entente avec le Front National de Marine Le Pen qui serait devenu « plus respectable ».

Une position qui sera sans doute défendue par Thierry Mariani, le député UMP, leader de la tendance « La Droite populaire » au sein de l'UMP.  Il faudra aussi attendre le positionnement de la première mouvance du parti « La Droite forte » qui avait obtenu en 2012 le plus grand nombre de votes de militants. Une tendance emmenée par Guillaume Peltier, ancien... du Front National.

Trancher la question européenne

L'UMP ne peut plus se permettre de faire le grand écart idéologique. Qu'y a-t-il de commun entre un « fédéraliste européen » comme Alain Lamassoure et un souverainiste comme Henri Guaino ? Sans parler de la thèse de l'Europe des nations et des « grands projets » défendue par Michèle Alliot-Marie. Le congrès de l'automne va être l'occasion de trancher. De la réponse apportée, découlera la question de l'alliance. Ce sera soit avec l'UDI, soit avec le Front National. Et si l'UMP ne parvient pas à clarifier sa ligne, alors ce sera l'implosion du mouvement. Dont une partie des rangs se rapprochera du FN dans la perspective d'une alliance et une autre partie s'alliera avec l'UDI et le Modem de François Bayrou.

Pour Copé, une traversée du désert ou du bac à sable ?

En attendant, à compter du 15 juin, Jean-François Copé va entamer sa traversée du désert - ou du bac à sable, selon les circonstances qui se présenteront - et pourra compter ses soutiens qui vont devenir rares. Il a au moins reçu celui de Jérôme Dubus, secrétaire national de l'UMP en charge de la croissance. Il pourra toujours se consoler en constatant qu'il n'est pas le premier dans ce cas. Après tout, Nicolas Sarkozy et Alain Juppé ont aussi connu jadis de telles mésaventures.