"Les régions devront avoir les ressources nécessaires à leur nouveau rôle"

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  532  mots
Jean-Jacques Queyranne, président (PS) de la région Rhône-Alpes, rappelle que "si Rhône-Alpes/Auvergne figurera au 7e rang des régions européennes par notre poids économique, nous avons encore dix à douze fois moins de ressources par habitant que les grandes régions allemandes, italiennes ou espagnoles avec lesquelles nous coopérons."
Jean-Jacques Queyranne, président (PS) de la région Rhône-Alpes est satisfait du projet de fusion de sa région avec l'Auvergne. S'il soutient la réforme territoriale, il attend des clarifications sur les ressources dont disposeront les régions pour financer leurs nouvelles missions.

Comment jugez-vous le projet de réforme territoriale proposé par le président de la République?

Jean-Jacques Queyranne. J'accueille favorablement ce projet qui, comme l'a dit le président, va permettre aux grandes régions d'avoir davantage de responsabilités. Elles seront la seule collectivité compétente pour soutenir les entreprises et porter les politiques de formation et d'emploi, pour intervenir en matière de transports. Elle gèreront les lycées et les collèges et auront en charge l'aménagement du territoire et les grandes infrastructures. Concernant plus spécifiquement le projet de fusion entre Rhône-Alpes et l'Auvergne, je pense que nous pouvons construire cette grande région en réunissant toutes les bonnes volontés. Je m'en suis entretenu avec René Souchon, le président de l'Auvergne. Nous partageons tous les deux la même volonté de mettre l'organisation territoriale de notre pays à l'heure du XXIe siècle.

Certes, mais qu'en est-il des ressources qui seront affectées à ces nouvelles régions ?

Je reconnais que, pour l'instant, c'est le trou noir du projet. J'attends donc beaucoup des réformes qui seront annoncées dans le cadre du second projet de loi qui sera présenté en juin sur les compétences des régions et sur la montée en puissance de l'intercommunalité. Ce que je peux dire c'est que construire la grande région Rhône-Alpes/Auvergne signifie qu'il faudra aller beaucoup plus loin dans l'attribution de nouveaux pouvoirs et des moyens correspondants. De fait, si Rhône-Alpes/Auvergne figurera au 7e rang des régions européennes par notre poids économique, nous avons encore dix à douze fois moins de ressources par habitant que les grandes régions allemandes, italiennes ou espagnoles avec lesquelles nous coopérons.

François Hollande attend aussi des économies de cette réforme, on parle de 10 à 15 milliard d'euros…

Je ne citerai pas de chiffre mais, oui, nous pouvons faire des économies car on va pouvoir supprimer les trop nombreux doublons qui existent, mutualiser des services. Quant aux fonctionnaires, notamment les 270.000 agents des conseils généraux, le président l'a dit, il n'est pas question de remettre en cause ces personnels. Du temps est donc nécessaire et une large initiative sera laissée aux élus pour assurer cette transition. Je suis d'accord avec Alain Rousset, président de l'Association des régions de France, sur le fait que nous devrons trouver une forme d'intégration et profiter des départs à la retraite. Il n'est pas question d'affoler les fonctionnaires.

Revenons à Rhône-Alpes/Auvergne, quelle sera la capitale régionale ?

Je crois que Lyon s'impose comme capitale régionale mais il ne s'agit pas exercer une centralisation des décisions depuis Lyon mais, bien au contraire, comme nous le pratiquons déjà, garantir la proximité dans l'élaboration et la mise en œuvre des politiques régionales. Ce qui signifie que beaucoup de choses peuvent aussi se décider et se passer depuis Clermont-Ferrand. Chaque composante de notre nouvelle région doit être traitée sur un pied d'égalité. Et, déjà, de nombreuses coopérations existent dans les domaines de la santé, des universités, de l'économie, etc.