Le gouvernement dévoile son plan pour enrayer le chômage des seniors

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  762  mots
Le chômage des plus de 50 ans a progressé de plus de 11% en un an.
Le ministre du Travail François Rebsamen présente ce lundi 23 juin un plan pour lutter contre l'expansion du chômage des plus de 50 ans. Au programme: des formations en alternance pour les chômeurs âgés et une réforme du contrat de génération.

Le chômage des plus de 50 ans est une véritable plaie pour tous les gouvernements depuis 2010. Si, dans un contexte économique morose, les pouvoirs publics parviennent à coup de contrats aidés à freiner, voire à stabiliser le chômage des moins de 25 ans, il en va totalement autrement pour leurs aînés. C'est pour tenter d'enrayer le phénomène que le ministre du Travail François Rebsamen va présenter ce 23 juin un plan en faveur de l'emploi des séniors. Il est temps. En effet, si le nombre des demandeurs d'emploi de moins de 25 ans a diminué de 3,8% en un an, celui des plus de 50 ans a progressé de… 11,6%. Sur les 3.364.100 demandeurs d'emploi inscrits en catégorie « A », 774.400 ont plus de 50 ans, soit près du quart, tandis que les moins de 25 ans sont 534.300. Le contraste est donc saisissant entre le chômage des moins de 25 ans et celui des plus de 50 ans.

Le piège des ruptures conventionnelles

Certes, cette forte progression est due à des modifications intervenues dans la règlementation. Le gouvernement Fillon a en effet supprimé la dispense de recherche d'emploi pour les chômeurs approchant de la soixantaine, ce qui a eu comme effet mécaniques de les faire réintégrer la catégorie des chômeurs en recherche d'emploi. De même ,les seniors sont les premiers visés par les ruptures conventionnelles qui consistent en une "entente à l'amiable", moyennant une indemnité au moins égale à celle perçue en cas de licenciement, entre un salarié et son employeur pour mettre fin à un contrat de travail. En outre, gros avantage, la rupture conventionnelle autorise le salarié a bénéficier ensuite de l'indemnisation du chômage. Cette formule « souple » de séparation a connu un succès foudroyant : plus d'un million de ruptures conventionnelles ont été instituées depuis leur création. Et une étude de la Dares montre que si les ruptures conventionnelles représentent 16% des fins de contrat à durée indéterminée pour l'ensemble des salariés, ce taux monte à 25% chez les 58-60 ans.

Mais cet âge d'or des rupture conventionnelle est peut-être révolu : à compter du 1er juillet, les nouvelles règles relatives à l'assurance chômage vont rendre les conséquences de la rupture conventionnelle beaucoup moins attractives en instituant un différé d'indemnisation passablement allongé par rapport aux règles en vigueur jusqu'ici.

Des séniors en contrat d'alternance

Pour lutter contre le chômage des plus de 50 ans, le ministre du Travail devra innover. Ainsi, François Rebsamen a d'ores et déjà indiqué que Pôle emploi devra réserver un accueil particulier aux chômeurs de plus de 50 ans qui ne peuvent plus être « traités » comme les plus jeunes. Ils devront donc bénéficier d'un soutien plus personnalisé.

Par ailleurs, instrument de la politique de l'emploi traditionnellement réservé aux jeunes, "l'alternance", sera aussi au menu du plan. Fin avril, François Hollande avait annoncé vouloir permettre aux chômeurs de longue durée, et notamment les séniors, de bénéficier du statut d'apprenti pour l'instant réservé aux jeunes jusqu'à 25 ans. Un dispositif qui permettrait de faciliter la formation des chômeurs de longue durée… et, pour l'entreprise, de les rémunérer un moindre coût car, toujours pour le président, « la rémunération serait maintenue au niveau de l'indemnisation telle qu'elle est prévue ».

Par ailleurs, le contrat de génération, cher au candidat Hollande, va être élargi. Jusqu'ici, pour percevoir une aide de 4.000 euros par an, une entreprises de moins de 300 salariés devait s'engager à embaucher un jeune de moins de 25 ans et à maintenir un sénior dans l'emploi. L'idée, à l'avenir, serait que cette aide soit également perçue par l'entreprise si elle embauche non pas un jeune, mais un sénior de plus de 50 ans.

Enfin, le ministre du Travail souhaite aussi faire davantage profiter les chômeurs séniors du Contrat initiative emploi (CIE), un contrat aidé réservé au secteur marchand. Les séniors chômeurs de longue durée font déjà partie des publics prioritaires pour accéder à ce contrat aidé. Mais, dans les faits, il est davantage proposé aux jeunes.

Reste à savoir si cet arsenal permettra de vraiment freiner le chômage des plus de 50 ans, au regard des pratiques des entreprises. Mais, une chose est certaine, si le gouvernement veut, enfin, inverser la courbe du chômage, cela passe nécessairement et mathématiquement par une diminution du nombre des demandeurs d'emploi de plus de 50 ans.