Pas de trève estivale pour le chômage qui progresse de 0,3% en juin

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  654  mots
Le chômage continue d'atteindre des sommets avec une nouvelle progression de 0,3% en juin.
En juin, le nombre des demandeurs d'emploi inscrits en catégorie "A" a progressé de 0,3%. Ils sont maintenant 3.398.300 en France métropolitaine. Le gouvernement table sur le pacte de responsabilité et les mesures pour relancer l'apprentissage pour tenter d'enrayer l'interminable hausse.

Le ministre du Travail François Rebsamen fait bien de s'abstenir de commenter chaque mois la courbe du chômage... A la différence de son prédécesseur Michel Sapin. Car il n'aurait rien d'agréable à annoncer et devrait se perdre en circonvolutions pour expliquer que les choses ne tarderont sans doute pas à aller mieux. En attendant, une fois encore ce n'est pas le cas. En juin, selon les statistiques que vient de publier le ministère du Travail, le nombre des demandeurs d'emploi en catégorie "A" a encore progressé de 0,3 % en France métropolitaine (le taux est le même si l'on inclut les Dom). Sur un an  l'augmentation atteint  4%.  Au total, il y a maintenant 3.3398.300 demandeurs d'emploi en catégorie "A", soit 9.400 de plus qu'un mois plus tôt. Un record. Si, cette fois, on ajoute les demandeurs d'emploi inscrits en catégories " B et  C" (ceux qui ont exercé une activité réduite), la progression est de 0,5% sur un mois et de 5,1% sur un an. Globalement, le nombre des demandeurs d'emploi inscrits en catégories "A, B et C" s'élève à 5.043.200, soit 23.000 de plus par rapport à mai.

Une nouvelle hausse de 0,3% en juin

Une nouvelle hausse donc. Certes, elle est plus de moitié moins forte que celle enregistrée en mai (0,7%) mais, la progression est quasi continue depuis des mois. Ce n'est pas une surprise avec une croissance du PIB nulle au premier trimestre. Et ça devrait être guère mieux au deuxième trimestre. Les données seront connues le 14 aout. Jusqu'ici, l'Insee table sur un "petit" 0,3%. Mais il n'est même pas certain que ce niveau soit atteint.  D'ailleurs, dans son entretien du 14 juillet, François Hollande a regretté le caractère "trop fragile, trop hésitant, trop vulnérable" de la reprise.

Si l'on regarde les statistiques du chômage dans le détail, là aussi, il y a une certaine stabilité dans les données depuis plusieurs mois. Ainsi, le chômage des moins de 25 ans  continue grosso modo d'être jugulé grâce à la politique des contrats aidés. Le nombre des demandeurs d'emploi de moins de 25 ans a ainsi diminué de 0,3% sur un mois et de 3,1% sur un an. En revanche, hélas comme d'habitude, le chômage des seniors de 50 ans et plus continue de fortement progresser: 0,9% en juin et 11,5% sur un an. C'est pour cette raison que François Rebsamen a présenté en juin un plan pour l'emploi des seniors mais il n'est pas certain qu'il soit suffisamment ambitieux. D'ailleurs, conscient du problème, François Hollande a annoncé lors de la conférence sociale des 7 et 8 juillet qu'une réunion se tiendrait en septembre pour examiner un dispositif permettant au chômeurs de longue durée (plus d'un an) - ce qui est le cas de la majorité des séniors inscrits à Pôle emploi - d'accéder à l'apprentissage, quel que soit leur âge.

Le chômage de longue durée progresse encore

D'autres signes ne sont pas très encourageants. D'une part, si l'on regarde les motifs de sorties de Pôle Emploi en juin, on constate que les "reprises d'activité" sont en recul de 1,3%. Preuve de la morosité du marché du travail. D'autre part, le chômage de longue durée est en progression constante: + 0,4% en juin et + 9, 8% sur un an. Au total, 2.140.800 demandeurs d'emploi sont inscrits depuis plus d'un an.

Certes, le gouvernement compte aussi sur les effets du pacte de responsabilité pour contrer la hausse quasi constante du chômage. Pourtant, plusieurs organismes (CEO-Rexecode, OFCE, OCDE) ne tablent pas sur une baisse du chômage en France avant 2016, faute de croissance suffisante. Pour l'instant, les prévisions gouvernementales se basent sur une croissance de 1% en 2014, 1,7% en 2015 et 2,25% en 2016. Or, grosso modo, le chômage commence à baisser avec environ 1,5% de croissance. Mais les prévisions gouvernementales pêchent peut-être par un excès d'optimisme.