En vingt ans, le nombre de personnes habituées à travailler la nuit a doublé en France

Par Marina Torre  |   |  422  mots
Le travail de nuit concerne 3,5 millions de personnes en France.
Au total, 3,5 millions d’actifs travaillaient régulièrement ou occasionnellement entre minuit et cinq heures du matin en France en 2012, selon la Dares. En 1991, ils étaient un million de moins.

Il est cinq heures, les balayeurs sont loin d'être les seuls à aller se coucher. En France, 3,5 millions de personnes travaillent régulièrement la nuit, c'est-à-dire entre minuit et 5 heures du matin d'après la définition retenue  par l'organisme de statistique du ministère du Travail (Dares) pour son étude portant sur des chiffres de 2012 et publiée ce 21 août.

Un peu plus de vingt ans auparavant, en 1991, les travailleurs de nuit étaient un million de moins. Parmi les salariés, leur proportion est passée de 13% à 15,4% en 2012 au cours de ces deux décennies.

Moins d'occasionnels, plus d'habitués

Si le travail de nuit occasionnel se raréfie, ne concernant plus que 8% des salariés en 2012 contre 9,5% vingt ans plus tôt, la proportion des travailleurs nocturnes "habituels" a doublé. La part des femmes concernées augmente: elle a quasiment été multipliée par deux en vingt ans (3,5% en 1991, 7,4% en 2012).  Désormais 1,049 million de femmes travaillent de nuit.

Dans le détail, ce sont logiquement les pompiers, policiers et militaires mais aussi les professionnels de la santé qui sont les plus nombreux à travailler la nuit. Dans le secteur privé, plus d'un tiers des techniciens et agents de maîtrise exercent leur activité entre minuit et cinq heures. Même chose pour 34% des ouvriers non qualifiés des industries, et 37% des bouchers, charcutiers et boulangers.

Plus surprenant: les enseignants sont classés parmi les 20 familles professionnelles regroupant le plus de salariés travaillant la nuit, même s'ils ne sont "que" 8% à être concernés par ces horaires décalés, même occasionnellement.

Pénibilité et conséquences

Cette enquête portait également sur les conditions de travail la nuit. Il apparaît par exemple que les personnes exerçant leur activité entre minuit et cinq heures sont beaucoup plus nombreuses que les autres à juger qu'une erreur aurait des conséquences dangereuses ou bien impliquerait un coût financier important pour l'entreprise. Près de 43% des salariés travaillant la nuit disent ne pas "pouvoir tenir jusqu'à 60 ans", alors que les autres sont 27% à partager cet avis.

Les questions soulevées par le travail de nuit, particulièrement en raison de la pénibilité qu'elle induit, se posent avec une acuité nouvelle depuis que plusieurs enseignes de grande distribution ont été condamnées à fermer leurs portes le soir. Il s'agissait alors d'une acception large du travail "de nuit", à partir de 21 heures.

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