François Hollande peut-il relancer l'investissement ?

Par Fabien Piliu  |   |  849  mots
Lundi, le président de la République devrait annoncer de nouvelles mesures pour relancer l'investissement
Lundi se tiendront à L'Elysée les Assises du financement de l'investissement et de l'innovation. A l'issue de cet événement, le président de la République fera des annonces et ouvrira de nouveaux chantiers, notamment pour mobiliser davantage l'épargne des Français vers les entreprises. Mais quels peuvent être les effets de ces nouvelles mesures si la demande reste atone et la confiance est en berne ?

Après les Assises de l'entrepreneuriat, les Assises de la fiscalité, les Assises de la ruralité, les Assises de l'économie circulaire, entre autres, voici l'heure des Assises du financement de l'investissement et de l'innovation. Elles se tiendront à l'Elysée lundi avec, au menu, quatre tables-rondes animées par Emmanuel Macron et Michel Sapin dont les thèmes porteront sur le financement des PME innovantes, la mobilisation des outils publics de financement, l'orientation de l'épargne des Français vers les entreprises ainsi que sur les nouveaux instruments de financement.

Après les discussions entre les ministres, les chefs d'entreprises, leurs représentants et une multitude d'experts, François Hollande devrait faire plusieurs annonces pour relancer un investissement en panne et ouvrir de nouveaux chantiers. En panne ? Après avoir reculé de 0,6% en 2013, l'investissement des entreprises devait augmenter de 4% cette année. Telles étaient les anticipations des chefs d'entreprises en début d'année. Mais les statistiques de l'Insee ont refroidit le gouvernement, l'investissement ayant reculé de 0,7% au premier trimestre et de 0,8% au second.

De nombreuses pistes à l'étude

Plusieurs pistes sont d'ores et déjà connues notamment pour renforcer les fonds propres des PME innovantes qui ont des besoins importants de capitaux, pour faciliter l'accès des PME à des sources de financement de plus en plus nombreuses parmi lesquelles le crowdfunding, en plein essor, ou les bourses locales.

Le développement de la titrisation des créances aux PME et aux ETI qui est encore balbutiante et une meilleure orientation des placements réalisés par les caisses de retraite et l'épargne salariale vers les entreprises seront également étudiés ainsi que le lancement de nouveaux programmes d'investissements de la Caisse des dépôts.

Un impressionnant arsenal de mesures

Toutes ces mesures viendront compléter l'impressionnant arsenal de dispositifs déjà en vigueur, dont une partie est sous la tutelle de Bpifrance créée le 31 décembre 2012 par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Citons notamment la création du crédit d'impôt innovation (CII), le rétablissement du statut de jeune entreprise innovante, le lancement du second Grand emprunt, la mise en place du PEA-PME et des nouveaux contrats d'assurance-vie euro-croissance et euro-génération - qui pourraient à terme attirer 200 milliards d'euros vers les entreprises -, la création du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE), la pérennisation de l'ISF PME et du crédit impôt recherche ou encore la réforme du code des Assurances de juillet 2013 qui permet aux assureurs d'accorder des crédits aux PME. Selon l'exécutif, cette mesure aurait d'ores et déjà permis d'injecter 5 milliards d'euros dans la sphère réelle de l'économie.

Avec ces Assises, qui seront suivies vendredi 19 septembre par les Assises de l'apprentissage, François Hollande tente inlassablement de mobiliser les forces vives. Il n'a pas le choix. S'il ne faisait rien, les critiques sur la politique économique actuellement menée par le gouvernement seraient encore plus vives.

Encore des mesures nouvelles

Ces nouvelles mesures, et celles qui découleront des chantiers ouverts lundi seront-elles en mesure de relancer un investissement en panne et sans le retour duquel, aucune reprise durable de la croissance, aucune montée en gamme de l'appareil productif et donc du made in France ne sont possibles ? Ce n'est même pas certain, en dépit de la faiblesse des taux d'intérêts. La demande de crédits n'est-elle pas très faible ? Selon la Banque de France, elle a progressé de 1,6% sur un an en juillet, tirée en très grande partie par la demande émanant des grandes entreprises. Sans une reprise franche de la demande intérieure, c'est à dire de la consommation des ménages - même si elle résiste encore un peu - et des administrations publiques mais aussi de la demande étrangère adressée à la France, les chefs d'entreprises n'investiront pas.

La confiance est en berne

Ils n'embaucheront pas non plus, sachant que l'on estime à plus de 200.000 le nombre d'emplois en sureffectif actuellement dans les entreprises. " On ne fait pas boire un âne qui n'a pas soif ", avait énoncé l'économiste britannique John Maynard Keynes dans sa "Théorie générale de l'emploi, de l'intérêt et la monnaie" parue en 1936.

Puissent les entreprises tricolores profiter du dynamisme des économies émergentes. Mais force est de constater que la réorientation géographique des échanges prend du temps. En 2013, près de 60% des exportations françaises prenaient le chemin de la zone euro. Une proportion qui n'a quasiment pas varié depuis une décennie... quant au nombre d'entreprises exportatrices, il ne dépasse les 120.000 les années fastes, à comparer aux 3 millions d'entreprises recensées en France. Le serpent se mordant la queue, cette faiblesse des carnets de commandes que les chefs d'entreprises signalent régulièrement dans les enquêtes de conjoncture continue de plomber leur moral. A quand les Assises de la demande - ou de la relance diraient les députés socialistes frondeurs - et les Assises de la confiance ?