Nouvelle forte hausse du chômage de 0,6% en septembre

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  773  mots
Le nombre des demandeurs d'emploi est reparti à la hausse (+0,6%) en septembre.
Le nombre des demandeurs d'emploi a bondi de 0,6% (+19.200) en septembre. Ils sont maintenant 3.432.500 à être inscrits en catégorie" A". De vielles idées resurgissent (contrat de travail unique, dégressivité des allocations, etc.) pour flexibiliser le marché du travail et inciter à l'emploi.

Le chômage a accusé une nouvelle hausse de 0,6%  en septembre, annulant totalement la légère baisse (-0,3%) observée en août. Ce n'est pas réellement une surprise,  le Premier ministre ayant vendu la mèche avant la publication officielle des statistiques.  Désormais, il y a donc en France métropolitaine 3.432.500 demandeurs d'emploi inscrits en catégorie "A", soit 19.200 de plus qu'en août. Sur un an la hausse s'établit à 4,3%. Si on inclut les DOM, le nombre d'inscrits s'élève à 3.696.900. Si l'on ajoute cette fois les catégories "B et C" (activité partielle), le nombre de demandeurs d'emploi progresse de 1%  sur un mois (+50.200) et atteint le triste record de 5.128.200!

Triste signal, en septembre, même le chômage des jeunes de moins de 25 ans progresse de 0,4%. Quant aux seniors de plus de 50 ans, la hausse continue, voire s'accélère (+1%).

Le gouvernement désarmé à court terme

Hélas, la longue litanie des mauvais chiffres du chômage va encore continuer avec une croissance limitée à 0,4% cette année et sans doute à 1% en 2015. Impossible dans ces conditions de créer assez d'emplois pour résorber le chômage. Et il n'y a rien attendre, à court terme, du pacte de responsabilité permettant d'alléger le coût du travail pour les entreprises. Les résultats de cette politique de l'offre vont se faire attendre durant encore de longs mois. Sans oublier que les entreprises ont en interne des "réserves" de personnels qui leur permettent d'augmenter leur production sans recruter. « Nous avons calculé qu'il existait un sureffectif d'environ 210.000 salariés dans les entreprises », explique Éric Heyer, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). En d'autres termes, tout cynisme mis à part, depuis 2008 les entreprises françaises n'ont pas autant ajusté à la baisse leurs effectifs que la conjoncture l'imposait, même si une avalanche de plans sociaux a créé un effet de loupe.

Dans ces conditions, le gouvernement pare au plus pressé. Il va ainsi donner son agrément à un amendement à la loi de finances 2015, défendu par Bruno Le Roux, président du groupe PS à l'Assemblée nationale,  pour que 50.000 contrats aidés supplémentaire soient financés l'année prochaine. Au total, ces contrats aidés - hors emplois d'avenir - dépasseront les 400.000.

Bien entendu, il ne s'agit que d'une mesure factuelle qui ne règlera rien sur le fond. Le gouvernement est aux abois sur la question du chômage, sans croissance, il se trouve totalement démuni. C'est pour cette raison que resurgissent les vieilles antiennes censées permettre d'améliorer le marché du travail: le relèvement des seuils sociaux, l'instauration d'un contrat de travail unique, un contrôle renforcé de la réalité de la recherche d'emploi par les chômeurs, la dégressivité des allocations chômage, etc... Autant de sujets dont on ne parle plus lorsque la croissance est la.

Bref, il s'agirait de "flexibiliser" le droit du travail français pour rassurer les entreprises qui seraient alors davantage incitées à embaucher dès lors qu'elles auraient les mains plus libres pour se séparer de leurs salariés. Certes, le droit du travail français n'est pas le plus flexible, loin de là. Il n'en reste pas moins que depuis trente ans il a considérablement évolué dans le sens de la flexibilité - c'est même pour cette raison que, paradoxalement, le code du travail a grossi. Pour preuve, l'explosion des embauches sous CDD, qui représentent maintenant 80 % des recrutements.

Une réforme du contrat de travail, solution au chômage?

Les organisations patronales  -Medef en tête ou son ancêtre, le CNPF - se sont battues depuis le début des années 80 pour faciliter les recours aux CDD et à l'intérim. Et elles ont gagné.  Il y a donc maintenant une sorte de paradoxe à regretter l'explosion des emplois précaires... Alors que tout a été fait pour en arriver là. Quant à l'idée d'instaurer un contrat de travail unique, au croisement du CDD et du CDI pour mettre fin à la dualité du marché du travail divisé entre les "insiders" et les "outsiders", ne s'agit-il pas du prototype de la fausse bonne idée? Certes, si à l'avenir une entreprise peut mettre fin sans justification à un contrat de travail en fonction de l'état de son carnet de commandes, cela va "fluidifier" le marché du travail, c'est-à-dire- que le turn-over sur un poste de travail sera plus important et que  les allers-retours entre périodes travaillées et non travaillées vont s'accentuer. Mais cela conduira-t-il à une augmentation du volume  global de l'emploi. Ce n'est pas certain.