La France a encore perdu 34.000 emplois au troisième trimestre

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  573  mots
Selon l'Insee, au total sur 2014, la France perdrait encore 22.000 emplois dans le secteur marchand
A cause surtout de la chute de l'intérim, la France a perdu plus de 34.000 emplois au troisième trimestre. Au total, sur l'année 2014, le secteur marchand devrait perdre 22.000 emplois, après 53.000 en 2013.

La France continue d'être fâchée avec les créations d'emplois, faute de croissance suffisante. Les dernières données provisoires de l'Insee le confirment. Malgré un léger rebond de la croissance au 3e trimestre, l'économie française a recommencé à détruire des emplois dans le secteur marchand, avec 34.100 suppressions nettes de postes (-0,2%), notamment dans l'intérim.

De fait, l'emploi salarié est tiré à la baisse par le travail temporaire qui a chuté de 4,2% sur le trimestre. Dans ce secteur, 22.900 postes ont été supprimés. L'emploi intérimaire est cependant "quasi-stable" (-0,5%) sur un an.

Tous les secteurs en baisse

Mauvaise nouvelle, tous les secteurs connaissent des pertes d'emplois au troisième trimestre. La baisse atteint 0,4% dans l'industrie, 0,8% dans la construction et même 0,1% dans le tertiaire. Avec un bémol cependant pour ce dernier secteur où, hors intérim, 12.900 créations de postes ont été enregistrés. Au total, sur un an, 37.700 postes ont disparu dans le secteur marchand malgré une légère embellie au deuxième trimestre (8.300 créations).

"L'activité a légèrement repris mais reste trop faible pour assurer les créations d'emploi nécessaires à notre pays", a estimé Michel Sapin, ministre de l'Économie, dans un communiqué.

22.000 emplois perdus sur l'année

De fait, toujours selon l'Insee, il n'y a rien à attendre de très positif cette année sur le front de l'emploi. Dans sa dernière note de conjoncture, l'Institut de la statistique tablait sur une perte de 22.000 postes dans le secteur marchand en 2014, après déjà 53.000 emplois de moins en 2013. La chute est donc moins sévère, en raison notamment du crédit d'impôt compétitivité et emploi (CICE) qui pourrait permettre la création de 30.000 emplois par semestre.

Par secteur, pas de miracle, l'industrie continuerait de perdre des emplois (20.000 sur l'ensemble de l'année 2014, hors intérim). C'est tout de même moins pire qu'en 2013 (-51.000). Le secteur de la construction, lui, perdrait 21.000 postes sur l'ensemble de l'année. Reste le tertiaire marchand qui enregistrerait une perte de 2.000 postes au premier semestre puis augmenterait de 23.000 au second.

Pas de baisse du chômage tant qu'on n'a pas atteint 1,5% de croissance

Quant au taux de chômage, il devrait rester stable d'ici à la fin de l'année à 9,8%. Là aussi, il n'y a pas de secret.  Avec une croissance attendue de 0,4% cette année et de 1% en 2015, il ne peut en effet y avoir de baisse du chômage. Pour ce faire, il faudrait environ 1,5% de croissance en moyenne. Tout simplement parce que, si la France a la chance d'avoir une démographie active, cela rend cependant les choses plus difficiles s'agissant de l'emploi. En effet, selon l'Insee, ce sont 124.000 personnes qui vont entrer sur le marché du travail au total en 2014. Cela signifie qu'il faut créer au moins autant de postes pour que le chômage n'augmente pas, et nettement plus pour qu'il baisse. On n'en est pas là dans le secteur marchand. D'où le nécessaire recours à l'emploi aidé dans le secteur non marchand pour limiter les dégâts.

Dans ce secteur non marchand, toujours selon l'Insee, l'emploi serait ainsi en hausse de 22.000 au premier semestre et encore de 38.000 au second, une accélération provenant principalement des contrats aidés. Au total, les dispositifs de contrats aidés non marchands représenteraient 372.000 nouvelles entrées en 2014 en France métropolitaine, après 426.000 en 2013.