Très forte progression du chômage de 0,8% en octobre

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  690  mots
Le bond du chômage de 0,8% en octobre va davantage encore inciter le gouvernement à flexibiliser le marché du travail
Le nombre des demandeurs d'emploi en catégorie "A" a fortement progressé (+0,8%) en octobre, portant leur nombre à 3.460.900. Un record. Un rapport préconise un assouplissement des règles sur la durée du travail.

Les mois passent et se ressemblent sur le front du chômage. Hélas, le nombre des demandeurs d'emploi ne cessent d'augmenter. Et le mois d'octobre ne fera pas exception. Pire, les données mensuelles sont très mauvaises. Le nombre de demandeurs d'emploi a progressé de 0,8%, soit 28.400 inscrits de plus. C'est beaucoup, surtout après un mois de septembre également problématique (+0,6%). Il y a donc maintenant très exactement 3.460.9000 demandeurs d'emploi inscrits en catégorie "A" pour la France métropolitaine (+5,5% sur un an) et même 3.724.200 en incluant les Dom.

5.457.400 demandeurs d'emploi

Si l'on ajoute les catégories" B et C", le nombre des demandeurs d'emploi en France métropolitaine atteint alors 5.154.200, soit 26.000 de plus en un mois (+0,5%). En comptant les DOM, ce nombre est de 5.457.400 en progression de 5,4% sur un an.

Des données déprimantes, d'autant plus que toutes les catégories d'âge sont concernées: les moins de 25 ans (+0,6% sur un mois), les 25/49 ans (+ 0,9%), les "seniors" de plus de 50 ans (+0,8%). Pour ces derniers, la hausse est même de 11,4% sur un an.

Dans ce contexte plus que morose, le nombre des demandeurs d'emploi de longue durée (plus d'un an) continue évidemment sa progression. Ils sont maintenant 2.221.200, en hausse de 0,9% sur un mois et, surtout, de 9,4% sur un an.

Et ceci va continuer. Aucun organisme, de l'Insee à l'OCDE, ne prévoit une amélioration du chômage en France avant 2016, voire 2017. Rien d'étonnant au regard des très faibles niveaux de croissance attendus.

Et ce n'est pas les politiques contra-cycliques, telle la multiplication des emplois aidés, qui peuvent parvenir à inverser la courbe - au mieux, elle arrivent à en freiner l'évolution.

Vers des réformes structurelles du marché du travail

C'est pour cette raison que le gouvernement, aux abois, semble de plus en plus sensible au discours sur les nécessaires réformes structurelles du marché du travail afin de le fluidifier et de le flexibiliser.

On sait notamment Manuel Valls et Emmanuel Macron, le ministre de l'Économie, très perméables à ces idées. D'ailleurs, le ministre de l'Economie prépare une loi pour relancer la croissance qui comprendra un certain nombre de mesures allant dans ce sens. Par exemple, on sait déjà - qu'il y ait accord ou pas entre le patronat et les syndicats - qu'il y aura une réforme des seuils sociaux. Idem, la procédure prud'homale sera simplifiée et le travail dominical et en soirée sera facilité.

Mais le projet de loi pourrait aller encore plus loin. Notamment en matière d'aménagement du temps de travail. Le rapport Pisani-Ferry/Enderlein remis ce jour aux deux ministres français et allemand de l'Economie va dans ce sens. Il propose en effet de ne pas limiter les accords "de maintien de l'emploi" aux seules entreprises "rencontrant de sévères difficultés économiques". Ces accords, nés de l'accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 - repris par une loi de juin 2013 - permettent, moyennant certains garde-fous, de baisser les salaires et/ou d'augmenter la durée du travail en échange du maintien de l'emploi durant au moins deux ans.

Assouplir les règles sur la durée du travail

Les auteurs préconisent que ces accords puissent être également ouverts à des entreprises pas encore en difficulté mais qui pourraient en rencontrer. Il s'agirait, là aussi, de pouvoir geler les salaires et/ou augmenter la durée du travail.

Pisani-Ferry et Enderlein suggèrent également de donner plus de latitude aux accords d'entreprise pour déroger à la loi et à un accord de branche; de revoir le mode d'évolution du Smic pour mieux tenir compte de la productivité et de porter de un à trois ans l'obligation de négocier sur les salaires réels. Emmanuel Macron a déjà fait savoir qu'il ne reprendrait pas dans sa loi ces deux derniers points.

En revanche, il faut s'attendre à ce que des assouplissements sur la durée du travail fassent leur apparition dans la loi. Cela fait plusieurs semaines que divers ministres préparent les esprits en parlant "d'évolution de la législation des 35 heures".