Valls, Macron, Cambadélis : haro sur le Medef !

Par Jean-Christophe Chanut (avec AFP)  |   |  727  mots
Pierre Gattaz, président du Medef, dans le collimateur des leaders socialistes qui lui reprochent de ne pas jouer le jeu.
Manuel Valls, mais aussi Emmanuel Macron et Jean-Christophe Cambadélis! Tous reprochent au patronat en général et au Medef en particulier sa politique du "toujours plus", alors que 41 milliards d'euros sur trois ans sont accordés aux entreprises.

C'est peu de dire que le gouvernement et le Parti socialiste n'ont pas du tout aimé que les trois mouvements  patronaux, Medef, CGPME,  UPA, organisent une semaine d'actions pour exprimer leur "ras le bol" sur la ponction fiscale et sur certaines décisions du gouvernement, comme l'instauration d'un compte pénibilité pour chaque salarié.  Plusieurs ténors socialistes comme Bruno Le Roux, président du groupe socialistes à l'Assemblée nationale, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, mais aussi le Premier ministre Manuel Valls ainsi que le le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, ont dénoncé l'attitude du patronat et notamment du Medef.

Ainsi, Jean-Christophe Cambadélis accuse le Medef d'avoir "pris la tête de l'opposition au gouvernement à la place de l'UMP", dans une interview aux Echos.fr.

"Il y a une politisation du Medef qui se conduit comme un parti politique et non comme un syndicat. Depuis deux ans, le Medef a pris la tête de l'opposition au gouvernement à la place de l'UMP. Ce n'est pas son rôle. Je regrette le manque de culture du compromis chez les organisations patronales : elles veulent leur gain tout de suite indépendamment de l'intérêt général. Ce qui rend très difficile toute politique contractuelle".

Il estime également que "le compte pénibilité", mesure phare de la réforme des retraites honnie par le patronat, "n'est pas négociable car il s'agit de justice sociale et de santé publique". Selon lui, "le Medef le sait et c'est précisément pour cela qu'il en fait son étendard".

Pour Cambadélis: aucun gouvernement n'a fait autant pour les entreprises

Et pour enfoncer le clou le premier des socialistes lance: "Aucun gouvernement de la Ve République n'a fait autant pour la compétitivité des entreprises - 50 milliards de baisses de cotisations, excusez du peu - mais pour les organisations patronales, ce n'est jamais assez. Je peux partager l'idée que tout cela prend du temps et qu'il faut de la constance, de la confiance et de l'efficacité pour que les mesures que nous avons votées déploient leur effet".

"Mais le patronat a aussi un rôle à jouer dans le rétablissement de la confiance. Or son côté jamais content est propre à décourager toute personne qui aurait dit publiquement + j'aime l'entreprise+", dit-il, faisant référence à la formule du Premier ministre Manuel Valls en août lors de l'université d'été du Medef.

 Valls dénonce les "provocation" du patronat

Pour sa part, le Premier ministre, Manuel Valls, a dénoncé à nouveau devant l'Assemblée nationale les "provocations" de certains "dirigeants du patronat", qui ne sont "pas à la hauteur" de leurs "responsabilités".

"Quand la Nation, à travers le Parlement, consent et va consentir un effort de 40 milliards d'euros pour les entreprises, pour la compétitivité, pour baisser la fiscalité et pour baisser les charges, chacun doit être à la hauteur de ses responsabilités".

Comme la veille, en déplacement à Nantes, le chef du gouvernement a dit ne pas vouloir "confondre (...) les entrepreneurs de ce pays, les chefs d'entreprises qui se battent, les salariés (...) avec un certain nombre d'organisations patronales".

S'en prenant à l'ex-majorité UMP aux affaires, il a lancé: "quand on a laissé le pays dans cet état ( ...) quand on n'a pas fait de la compétitivité, des efforts, on est un peu plus modeste et on soutient un gouvernement qui, lui, s'engage pour la croissance, la compétitivité et l'emploi".

Macron incombera au patronat l'échec du pacte de responsabilité

Quant à Emmanuel Macron,  interrogé sur Radio Classique, il estime que le faible nombre d'accords de branches signés dans le cadre du pacte de responsabilité représente un "échec" pour le Medef:

"Dans +pacte de responsabilité+, il y a le mot +responsabilité+. Aujourd'hui, il y a très peu d'accords de branches qui sont signés. C'est un échec et aujourd'hui, c'est aussi le sien (...) Si le dialogue social n'avance pas, il y aura un échec. Personne ne veut d'un échec, c'est pour ça que je demande au Medef de s'engager à la hauteur des enjeux et de l'effort que la nation a consenti", a ensuite précisé le ministre dans une déclaration à l'AFP.

On est loin des grande déclarations d'amour entre le patronat et le gouvernement de la fin de l'été... Mais les esprits devraient s'apaiser.