CGT : Lepaon devra-t-il quitter ses fonctions le 9 décembre ?

Par Jean-Christophe Chanut et Jean-Yves Paillé  |   |  543  mots
Thierry Lepaon a confirmé à L'Express avoir perçu des indemnités de départ de la part de la région CGT Basse-Normandie qui l'employait, mais ne "se souvient plus" du montant.
Le leader du syndicat a perçu des indemnité de départ de la CGT Basse-Normandie avant de devenir secrétaire général de la CGT , a révélé l'Express. Cette nouvelle affaire ébranle le syndicat: Les Echos croient savoir que la Commission exécutive confédérale de la CGT se réunira le 9 novembre "pour prendre toutes les dispositions nécessaires".

C'est chaud à la CGT! Et ce au plus mauvais moment, alors que demain, jeudi 4 décembre, ont lieu d'importantes élections dans la fonction publique où 5,4 millions d'agents sont appellés à élire leurs représentants syndicaux dans plus de 22.000 instances. Or, la CGT joue là sa première place parmi les organisations représentatives au sein de la fonction publique.

Après les révélations du Canard enchainé sur les travaux onéreux réalisés dans l'appartement de fonction et le bureau de Thierry Lepaon, les dernières informations de l'Express pourraient être fatales au secrétaire général de la CGT. Lundi 1er décembre, l'hebdomadaire a révélé que le dirigeant du syndicat avait perçu des indemnités de départ de la part de la  CGT Basse-Normandie qui l'employait, avant d'accéder au poste de secrétaire général en 2013. Ce dernier a confirmé l'information, mais "ne se souvient plus du montant".

Prise des "dispositions nécessaires"

Pour la Commission exécutive de la confédération, cela pourrait être l'affaire de trop. Cette dernière va se réunir mardi 9 décembre, afin de "prendre toutes les dispositions nécessaires", d'après Les Echos. Le journal assure qu'il n'est pas exclu que la décision "de le débarquer" soit prise ce jour-là.

Le quotidien économique publie en outre des extraits d'un communiqué diffusé en interne, à l'issue d'une réunion extraordinaire du bureau fédéral, mardi 2 décembre, à l'origine de la réunion de la Commission exécutive, la semaine prochaine. Le document promet que "la transparence complète sera donnée [aux] organisations [de la CGT] sur ces derniers éléments".

Un secrétaire général élu "par défaut"

Au-delà des faits reprochés à Thierry Lepaon, c'est tout le malaise ressenti depuis son élection qui transparait. Thierry Lepaon souffre d'avoir été élu par "défaut", la succession de l'ancien secrétaire général Bernard Thibault ayant viré au psychodrame, les trois candidats pressentis avaient été successivement éliminés. On a donc fait finalement appel à l'ex-leader des Moulinex. Mais ce dernier n'a jamais réussi à s'imposer. Il a même été à diverses reprises mis en minorité par son exécutif. Par exemple, fin 2013, Thierry Lepaon était favorable à la signature de l'accord sur la réforme de la formation professionnelle. Mais la chef de file de la délégation qui menait les négociation a dit "niet". Thierry Lepaon s'est incliné...

Et c'est ainsi depuis plus d'un an: la CGT "flotte". Elle multiplie les appels à des journées d'actions qui remportent peu de succès. D'où un gros risque de perte de crédibilité comme l'attestent les reculs électoraux dans des "bastions" comme la SNCF ou EDF.

La grande peur des fédérations CGT de fonctionnaires est donc que la tourmente qui agite actuellement la centrale fasse fuir les électeurs lors du scrutin du 4 décembre dans la fonction publique... Alors que la CGT espérait progresser.

Quant à Thierry Lepaon, s'il parvient à "sauver sa peau" le 9 décembre - faute de relève immédiatement disponible -, il peut certainement, en revanche, faire une croix sur la possibilité d'exercer un deuxième mandat à la tête de la CGT.