Sarkozy ratisse large pour la direction de l'UMP mais perd Raffarin

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  718  mots
"NKM" devient vice-présidente del'UMP. A elle de refonder les statuts du parti.
Soucieux d'associer toutes les tendances, Nicolas Sarkozy a nommé Nathalie Kosciusko-Morizet au poste de vice-président de l'UMP et Laurent Wauquiez à celui de Secrétaire général. En revanche, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a annoncé qu'il rejoignait le camp d'Alain Juppé qu'il juge "plus rassembleur".

Nicolas Sarkozy a toujours été un homme pressé. Il vient de le prouver une fois encore. Cinq jours à peine après son élection à la présidence de l'UMP, l'ancien chef de l'Etat est en passe de boucler le nouvel organigramme du parti. Bien entendu, astucieusement, il prend soin de ne laisser personne au bord de la route et ratisse large pour fédérer l'UMP autour de lui. Ainsi, Nathalie Kosciusko-Morizet est nommée vice-présidente déléguée, numéro 2 du parti. Elle sera en charge de la refonte des statut du mouvement (annoncée par Nicolas Sarkozy,) de la rénovation du parti, des relations avec les autres formations politiques et de la stratégie électorale.
Par ailleurs, Laurent Wauquiez devient secrétaire général. Il sera chargé des fédérations, des élections, des adhésions et de la formation des élus. Il aura trois adjoints à ses côtés : Eric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et proche de François Fillon, Benoist Apparu, député de la Marne et proche d'Alain Juppé, Gérald Darmanin, député du Nord, porte-parole de Nicolas Sarkozy durant la campagne pour la présidence de l'UMP et... proche de Xavier Bertrand.
Daniel Fasquelle, député du Pas-de-Calais et proche de Nicolas Sarkozy occupera la très délicate fonction du trésorier du parti. Difficile à la suite de l'affaire Bygmalion. Pis, l'UMP est actuellement endettée à hauteur de... 74 millions d'euros
Enfin, Isabelle Le Callennec, députée de d'Ille-et-Vilaine (proche de François Fillon) et Sebastien Huyghe, député du Nord (proche de Jean-François Copé) seront les porte-paroles.


 "NKM "pour séduire le centre, Wauquiez pour rassurer les plus "droitiers"

Quasiment toutes le tendances de l'UMP sont ainsi représentées. Nathalie Kosciusko-Morizet cultive une attitude « modérée », ouverte sur les problèmes de société. Elle s'est ainsi clairement prononcée en faveur du « mariage pour tous » et se veut en pointe sur les questions écologiques. Elle est contre l'exploitation du gaz de schiste et se trouve à l'origine du projet mort-né de taxe carbone. En charge des relations avec les autres partis, il lui reviendra donc de « draguer » l'UDI pour que les centriste ne fassent bande à part. Surtout, NKM défend avec acharnement la tenue de primaires ouvertes au centre en 2016. Un point, on le sait, sur lequel Nicolas Sarkozy est assez réticent. Il va être à cet égard intéressant de voir ce que NKM va proposer pour réformer l'UMP. Il n'est pas certain qu'elle soit exactement sur la même longueur d'onde que le président...
Mais le vrai pouvoir sur le parti appartient au très droitier Laurent Wauquiez, créateur et animateur de la mouvance « La Droite sociale » et grand pourfendeur de « l'assistanat ». Il a la main sur les fédérations et les élections. Il aura donc un mot important à dire sur  l'attribution des investitures, lors des prochaines élections départementales et régionales de 2015, voire pour les législatives de 2017. Une façon de « fidéliser » les troupes UMP et d'éviter que certains s'affichent trop proches d'Alain Juppé, par exemple.
Quant à Eric Ciotti - ancien soutien de Nicolas Sarkozy parti rejoindre François Fillon mais que l'ancien chef de l'Etat ne désespère pas de « récupérer » - Benoist Apparu et Gérald Darmanin, ils sont là car ils sont les lieutenants de potentiels concurrent de Nicolas Sarkozy lors de la primaire de 2016. Leurs mentors respectifs auront ainsi quelqu'un dans la place...

Jean-Pierre Raffarin choisit Alain Juppé


En revanche, la mauvaise nouvelle du jour pour Nicolas Sarkozy est venue de Jean-Pierre Raffarin. Dans un entretien au quotidien « Le Monde », l'ancien premier ministre de Jacques Chirac a officiellement apporté son soutien à Alain Juppé pour la primaire, voyant en lui un rassembleur alors qu'il dénonce chez Nicolas Sarkozy « sa pratique du clivage ». Et de regretter « la dérive droitière » de ce dernier. Jean-Pierre Raffarin a même la dent dure à l'égard de l'ancien président de la République : « C'est la faiblesse de François Hollande qui crée un espace au leadership de Nicolas Sarkozy (...) Je me méfierais d'un candidat qui promettrait trop et dont la séduction serait la priorité ». Du lourd...
Nicolas Sarkozy n'a pas du apprécier.