Quitter Pôle emploi ne veut pas dire retrouver du travail

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  531  mots
Les sorties de Pôle emploi pour reprise d'un poste de travail ne cessent de chuter
40,5 % seulement des demandeurs d'emploi qui sont "sortis" de Pôle emploi en juin 2014 ont retrouvé un emploi, un taux qui ne cesse de reculer depuis un an. En revanche, signe de désespoir, la part de ceux qui cessent volontairement de s'inscrire progresse nettement.

Au-delà des déprimantes statistiques mensuelles sur le nombre des demandeurs d'emploi, Il y a d'autres indicateurs qui montrent à quel point le chômage est enkysté dans le tissu économique français. Il en va ainsi du taux de retour à l'emploi des chômeurs inscrits à Pôle emploi. Et ce n'est vraiment pas fameux.

En témoignent les dernières statistiques de la Dares (ministère du Travail) sur cette question. Ainsi, en juin 2014, sur les 5.020.200 demandeurs d'emploi inscrits dans les catégories "A", "B" et "C", quelque 470.000 sont "sortis" de Pôle emploi, et parmi ces "sortis", seuls 40,5 % ont repris un emploi. Soit une baisse de 1,8 point en trois mois, et surtout, de 5,1 points en un an.

A l'inverse, les « sorties » de Pôle emploi pour suivre une formation (13,3 %) ont progressé de 2,8 points sur un an. De leur côté, les sorties pour cause de retraite ou de dispense de recherche d'emploi sont passées de 1,8 % en juin 2013 à 2,1 % un an plus tard.

Les sorties "volontaires" de Pôle emploi par découragement progressent

Surtout, phénomène inquiétant, les sorties de Pôle emploi pour« arrêt de recherche temporaire » sont passées en un an de 6,2% à 7,5% et celles pour « non renouvellement volontaire de la demande » de 2,6% à 3,3%. Ces deux dernières causes expriment le découragement qui saisit les demandeurs d'emploi qui n'arrivent pas à retrouver un poste et qui en sont donc réduits, par désespoir, à quitter Pôle emploi.

Le ministère du Travail constate cependant des différences selon l'âge des demandeurs d'emploi. Ainsi, sans surprise, les « sortants » de moins de 25 ans ou de 25-49 ans sortent plus fréquemment pour reprise d'emploi (respectivement 41,1% et 42,3%) que ceux âgés de plus de 50 ans qui ne sont seulement que 30,7% à retrouver un poste. D'où l'envolée du chômage de longue durée des « seniors ». D'ailleurs, entre mars et juin 2014, la part des reprises d'emploi a reculé de 4 points pour les demandeurs d'emploi de longue durée (plus d'un an de chômage).

3,5%  du total des demandeurs d'emploi ont retrouvé un emploi

Mais on peut présenter les choses de façon encore plus pessimiste, ce que fait d'ailleurs la Dares. En effet, si l'on prend, sur la même période de juin 2014, non pas les 470.000 "sortis" mais la totalité des 5.020.200 demandeurs d'emploi inscrits (sur les listes de Pôle emploi en catégories "A", "B" et "C"), le chiffre de ceux qui, après être "sortis", ont retrouvé un travail se ramène à... 3,5%. Un taux dramatiquement faible et pourtant encore en baisse de 0,3 point sur un trimestre et de 0,5 point en un an. Et, là aussi, l'âge apparaît comme un critère discriminant: le taux de retour à l'emploi atteint 6% pour les moins de 25 ans, 3,6% pour les 25-49 ans et.... un malheureux 1,5% pour les plus de 50 ans.

Si, cette fois, on se concentre sur la «qualité » de la reprise d'emploi, on constate que 32,5% de ceux qui ont accédé à un emploi ont un CDI, tandis que 15,9% ont un CDD ou un contrat saisonnier de six mois et plus. Et 83,7% % des demandeurs d'emploi ayant repris un travail étaient encore en poste trois mois après.