Diplomatie économique : quand le Trésor mobilise ses troupes

Par Fabien Piliu  |   |  576  mots
Réformer, mais comment s'interroge-t-on à Bercy
Lors d'un colloque organisé ce lundi matin à Bercy, Emmanuel Macron, le ministre de l'Economie et la Direction générale du Trésor ont vertement expliqué aux membres du réseau du Trésor basé à l'étranger ses responsabilités dans le domaine de l'export et de l'attractivité.

Ce sont des vœux. A bien écouter, on aurait pu prendre ces déclarations pour des ordres. Lundi matin, lors d'un colloque organisé à Bercy par la Direction générale du Trésor sur le thème " La France se réforme ", Emmanuel Macron a longuement expliqué ce qu'il attendait du réseau de chefs de service économiques basés aux quatre coins du monde. Pour marquer la création de la diplomatie économique, décidée par Laurent Fabius, le ministre des Affaires étrangères, trois ambassadeurs étaient présents.

" Il faut plus de cohérence et plus d'efficacité. Il faut apprendre à travailler ensemble et intelligemment avec le Quai d'Orsay " a déclaré le ministre de l'Economie. Symbolisée par l'intégration du secrétariat d'Etat au Commerce extérieur au ministrère des Affaires étrangères - un rapprochement  inédit -, la diplomatie économique a été lancée en avril.

Etre - désormais ? - au contact des entreprises

Emmanuel Macron leur a également rappelé leurs devoirs. " Etre au contact de nos entreprises est indispensable. Il faut également que vous nous remontiez des idées, des commentaires pour faire avancer les choses, pour combattre les fausses bonnes idées capable de redresser l'image de notre pays et faire gagner nos entreprises". Le plus étonnant est qu'il ait fallu le rappeler...

Quelques jours après le lancement de Business France, fruit de la fusion d'Ubifrance, l'agence qui aide les entreprises à se lancer à l'export et de l'Agence française pour les investissements internationaux (AFII), Emmanuel Macron a également demandé aux membres du réseau du Trésor de " porter, d'expliquer à leur interlocuteurs le sens de la politique économique menée actuellement en France pour donner envie aux entreprises étrangères de s'implanter chez nous ".

Quelques minutes avant le ministre de l'Economie, Bruno Bézard, le directeur général du Trésor avait déjà recadré les membres de son réseau à l'étranger. " Il faut que vous soyez le fer de lance de la célébration de la France. Il faut que vous incarniez l'ambition économique pour redresser l'image de notre pays à travers le monde ", a-t-il déclaré, dénonçant le " french bashing " très couru depuis quelques années chez " nos ennemis traditionnels mais également chez nos meilleurs amis ".

Que chaque journée soit « utile » !

Et de poursuivre : " il faut arrêter la dispersion, fédérer les villages gaulois pour améliorer notre - votre - efficacité et notre réactivité. Il faut que vous souteniez la politique du gouvernement et que chaque journée soit utile ! ". Confondant.

Ces messages, voire ces instructions, interviennent alors que la France peine à enregistrer les premières retombées des réformes engagées ces dernières années pour redresser la compétitivité du made in France.

Après avoir atteint 74 milliards d'euros en 2011 - le record -, 67,2 milliards d'euros en 2012 et 61,2 milliards d'euros en 2013, le déficit commercial devrait à nouveau reculer et approcher les 55 milliards d'euros en 2014, en grande partie par l'allégement de la facture énergétique liée au repli brutal des cours du brut au second semestre 2014.

Quant à l'attractivité de l'Hexagone, elle souffre de la concurrence de ses voisins. Après avoir longtemps caracolé en tête dans le classement des investissements directs étrangers en Europe, la France est aujourd'hui dépassé par l'Allemagne et le Royaume-Uni, malgré une progression des IDE réalisés sur son territoire.