2014, année calamiteuse pour le chômage, 2015... aussi, sans doute

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  765  mots
En un an, le nombre des demandeurs d'emplois inscrits en catégoire "A" a progressé de...
En décembre le nombre des demandeurs d'emploi inscrits en catégorie "A" n' a progressé "que" de 8.100 (+0,2°). Mais, globalement, l'année 2014 a été désastreuse avec 189.100 demandeurs d'emploi supplémentaires. Au total, il y a 3.496.400 demandeurs d'emploi fin décembre, soit... une hausse de 5, 7% sur un an. Les perspectives pour 2015 ne s’annoncent guère plus positives,en raison d'une croissance insuffisante et malgré les initiatives prises par le gouvernement. Au mieux, l'inversion de la courbe du chômage ne se produira pas avant 2016.

2014, année noire sur le front du chômage... Pire que 2013. Et les dernières statistiques du mois de décembre ne font, hélas, que prolonger la (longue) tendance constatée les mois précédents. Le dernier mois de cette calamiteuse année, le ministère du Travail a enregistré 8.100 demandeurs d'emploi supplémentaires en catégorie « A » en France métropolitaine, soit une progression de 0,2% sur un mois. Sur un an, c'est catastrophique, ils sont 189.100 de plus, soit une hausse de.. .5,7%. Au total, à la fin décembre, il y avait  (toujours en France métropolitaine)... 3.496.400 demandeurs d'emploi en catégorie « A ». Un triste record.

 Un total de 5.521.200 demandeurs d'emplois

Et en incluant les DOM, ce nombre grimpe à 3.760.100, en progression de 5,4% en 12 mois.
Si, cette fois, on inclut également les demandeurs d'emploi inscrits en catégories « B et C » (activité réduite). Le nombre total des chômeurs inscrits dans les trois catégories atteint 5.218.200 pour la France métropolitaine et 5.521.200 pour l'ensemble du territoire, en hausse sur un an de respectivement 6,4 % et 6,1%.

Aucune catégorie n'est épargnée par cette hausse faramineuse. Certes, le mouvement est de moins grande ampleur pour les jeunes de moins de 25 ans, les premiers concernés par les politiques volontaristes en faveur de l'emploi. Il n'empêche que sur un an, le nombre des jeunes demandeurs d'emploi a augmenté de 1,7% (même s'il a baissé de 0,2% pour le seul mois de décembre). Ils sont très exactement 544.800 a être inscrits fin décembre en catégorie « A ».


Le chômage des plus de 50 ans en hausse de 10,8% sur un an

Chez les 25-39 ans, ils sont 2.130.100 dans ce cas, soit une progression de... 5,1% sur un an. Mais il y a encore pire : les demandeurs d'emploi de plus de cinquante ans. Avec 821.500 demandeurs d'emploi « seniors » en catégorie « A » à la fin de l'année, leur nombre a explosé de... 10,8%. Et le « plan Rebsamen » pour les chômeurs de longue durée qui va monter en puissance ne sera pas suffisant pour endiguer la progression du chômage des seniors. De toute façon, classiquement, les chômeurs de plus de 50 ans seront les derniers à profiter d'une reprise de l'emploi... quand elle se produira.
Autre donnée très inquiétante et qui illustre à quel point le chômage est maintenant enkysté : le nombre des demandeurs d'emploi au chômage depuis plus d'un an atteint 2.254.600 soit une progression de... 9,7% en un an. Et ils sont même 705.100 à avoir dépassé le seuil des trois ans..

Tous les signaux sont donc au rouge. Le pire est-il passé ? Assisterons nous à une amélioration de la situation en 2015 ? Rien n'est moins sûr, hélas. Certes, le gouvernement est dans son rôle quand il tente d'y croire. Dans un communiqué, le ministre du Travail François Rebsamen, tout en jouant la prudence, énumère l'ensemble des actions menées par le gouvernement qui pourraient être favorables à l'emploi : le plein déploiement du pacte des responsabilité (baisse du coût du travail), les 97.000 nouveaux emplois d'avenir, les 358.000 contrats aidés, etc.

2015 s'annonce guère meilleure


On sait aussi que le gouvernement attend beaucoup des quelques signaux économiques encourageants : baisse de l'euro par rapport au dollar, baisse du coût du pétrole, plan Junker pour l'investissement, loi Macron (qui pourrait créer 20.000 emploi dans les transports routiers de passagers), etc.
Certes, tout ceci va sans doute permettre, au mieux de freiner la progression du chômage, mais de là à parler d'une inversion de la courbe dès cette année - ce que plus personne au gouvernement ne se risque à faire - il y a un pas qui ne peut être franchi.
D'ailleurs, les dernières données prévisionnelles de l'Unedic, l'organisme qui gère l'assurance chômage, ne poussent pas à l'optimisme. Elle table sur 104 000 chômeurs supplémentaires en 2015, contre 182 000 en 2014.. Même le très officiel Insee fait preuve d'une très grande retenue... L'Institut estime ainsi que le taux de chômage grimperait à 10,2% à la fin du premier semestre 2015 contre 9,8% fin 2014.

Pis, toujours selon l'Insee, seulement 18.000 emplois seraient créés au premier semestre 2015. Soit un nombre très insuffisant alors que la population active devrait croitre de 64.000 personnes sur la même période.

Mais comment pourrait-il en être autrement avec une croissance du PIB qui ne devrait pas dépasser 1%. Dans ces conditions, la fameuse inversion de la courbe du chômage ne pourra pas se produire, au mieux, avant 2016.