Chômage de longue durée : le plan de Rebsamen est-il à la hauteur du phénomène ?

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  789  mots
Le gouvernement présente un énième plan contre le chômage de longue durée (43% du total des demandeurs d'emploi sont dans ce cas).
Le ministre du Travail présente un nouveau plan contre le chômage de longue durée. Au menu: accompagnement personnalisé, formation, aides aux entreprises. Mais devant l'ampleur du phénomène, il n'est pas certain que ces mesures soient suffisantes.

Les chiffres sont accablants. Fin 2014, le nombre des demandeurs d'emploi de longue durée a littéralement explosé. En catégories "A", "B" et "C", ils sont très exactement 2.254.600, soit 43% du total des demandeurs d'emploi, en augmentation de 9,7% sur un an.

Mais il y a encore pire: parmi ces chômeurs de longue durée, plus de 1 million sont inscrits à Pôle emploi depuis plus de 2 ans, et ils sont même 705.100 à l'être depuis plus de 3 ans, ce dernier chiffre étant en augmentation de... 19,1% sur un an.

Sans parler de tous ceux qui ne sont même plus inscrits à Pôle emploi, soit parce qu'ils n'y ont plus aucun intérêt financier, soit parce qu'ils sont totalement découragés. C'est ce que l'on appelle le "halo" du chômage. C'est aussi la preuve que le chômage est maintenant totalement enkysté dans la société française.

Le gouvernement sait qu'il sera jugé à la fin du quinquennat avant tout sur sa capacité à juguler la progression du chômage. Pour l'instant, c'est mal parti.

Un énième plan pour tenter d'endiguer le phénomène

C'est pour cette raison que le ministre du Travail François Rebsamen dévoile ce 9 février  un nouveau plan pour lutter contre le chômage de longue durée.

Ce n'est, hélas, pas le premier. Par exemple, en 2005, un CDD senior de 18 mois, renouvelable une fois, avait été institué.... Qui s'en souvient ? Sans remonter aux années 1990, quand un vaste plan avait été lancé afin que tous les chômeurs de plus d'un an bénéficient d'un entretien afin de se voir proposer une solution (contrat aidé, formation, etc.). Le résultat fût mitigé.

Cette fois, François Rebsamen va formuler une vingtaine de mesures.

L'accompagnement, d'abord, sera privilégié. Les agents de Pôle emploi vont être en première ligne et vont devoir "personnaliser" les entretiens. Déjà, actuellement, une expérimentation est menée dans 7 départements. Il s'agit d'une sorte d'accompagnement global qui permet de suivre les chômeurs à la fois dans leur recherche d'emploi, mais aussi et surtout dans leurs préoccupations sociales (logement, santé, garde d'enfant...). L'idée sera de systématiser cette démarche pour limiter les freins à la reprise d'un emploi. Par exemple, les parents isolés auront des places réservées en crêche pour faire garder leurs enfants, le temps d'une formation, d'un entretien à Pole emploi, etc.. De même, la La garantie de loyer sera ouverte "aux demandeurs d'emploi retrouvant un emploi".

Proposer systématiquement une formation

La formation aurait également un rôle à jouer. Le gouvernement veut s'appuyer sur le compte personnel de formation (CPF), nouveau dispositif lancé en début d'année, dont bénéficient tous les salariés et... tous les chômeurs. Il s'agit d'une sorte de "droit de tirage" pour effectuer une formation. Pour les chômeurs de longue durée, ce compte pourrait être abondé par l'Etat pour leur permettre de disposer de davantage d'heures pour suivre une formation.

François Rebsamen a promis "un engagement financier conséquent, notamment des partenaires sociaux". Ces derniers ont déjà prévu d'affecter environ 260 millions d'euros par an au CPF, dans le cadre du Fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP).

Le ministère annonce aussi des "mesures d'accompagnement des employeurs qui recrutent des demandeurs d'emploi de longue durée". Il s'agira de créer deux nouveaux contrat de confessionnalisation (contrats en alternance) à destination des demandeurs d'emploi de longue durée:  le "contrat nouvelle carrière" pour ceux qui ont déjà une expérience mais qui ont besoin de la "rafraichir" et le "contrat seconde chance" pour ceux qui ont besoin d'acquérir un savoir faire.

Par ailleurs, les entreprises se verront offrir une nouvelle prestation : "le suivi dans l'emploi". concrètement, l'employeur pourra faire appel à un consultant extérieur pour l'aider à insérer des chômeurs de longue durée dans l'entreprise après sa période d'essai.

Enfin, une partie supplémentaire des 380.000 contrats aidés, sera davantage "fléchée" vers les chômeurs de longue durée, notamment le contrat initiative emploi (CIE).

Jusqu'ici, ces contrats étaient essentiellement réservés aux jeunes de moins de 25 ans.
Reste que, devant l'ampleur du problème, il n'est pas du tout certain que les moyens alloués s'avèrent suffisants.

Sans croissance, l'exercice reste très difficile. Et encore ! Même si la France renoue avec un taux de croissance suffisant pour créer des emplois en grand nombre, les demandeurs d'emplois de longue durée seront les derniers à en bénéficier car ce sont eux les plus éloignés du marché du travail.