Mikhaïl Prokhorov, l'improbable candidat...

Par François Roche, conseiller éditorial de La Tribune.
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Alors que Vladimir Poutine reste opposé à tout dialogue avec les opposants, en dépit des appels de certains de ses alliés comme le patriarche Kirill, chef de l'église orthodoxe de Russie, Mikhaïl Prokhorov continue de se préparer à se porter candidat à l'élection présidentielle. Il est probablement le candidat le plus improbable qu'on puisse imaginer mais, malgré les critiques dont il est l'objet, il donne tous les signes qu'il faut pour indiquer qu'il est toujours dans la course.

À 46 ans, Prokhorov est l'homme le plus riche de Russie. C'est aussi l'un des célibataires les plus courus de Moscou. Il a fait fortune aux côtés de Vladimir Potanine, son associé des débuts, dans la banque, puis à l'occasion des grandes privatisations de l'ère Eltsine, lorsque les deux hommes ont pu acquérir à un prix défiant toute concurrence (ils étaient les seuls enchérisseurs d'une entreprise dont ils avaient eux-mêmes fixé le prix...) le géant mondial du nickel, Norilsk. Les deux amis se sont pourtant fâchés il y a trois ans, et Mikhaïl a rejoint le camp adverse, celui d'Oleg Deripaska, qui préside aux destinées du premier producteur mondial d'aluminium, Rusal.

Prokhorov, Deripaska, deux profils de « quadras » qui se ressemblent, les deux oligarques les plus en vue du monde des affaires russes, partageant le même intérêt pour l'art contemporain et russe, la France, les médias et le luxe. Deripaska a fait un choix : il ne fait pas de politique, en vertu d'une sorte d'accord plus ou moins tacite entre Vladimir Poutine et lui. Quelle mouche a donc piqué Prokhorov pour qu'il se lance dans la course à la présidentielle dans un contexte aussi sensible ? Deux hypothèses : il roule pour Poutine en faisant semblant d'ouvrir une candidature alternative « libérale » pour déminer le malaise qui monte dans les classes moyennes russes. C'est ce que pensent beaucoup d'observateurs en Russie. Deuxième hypothèse : il veut faire don de sa personne à la Russie, quitte à y sacrifier sa fortune, car sous l'ère Poutine, c'est le risque que court tout homme d'affaires critiquant ouvertement le pouvoir. La froide observation de l'univers russe incline à privilégier la première hypothèse, mais sait-on jamais...

En tout cas, le choix de son directeur de campagne intrigue : Anton Krasovsky, animateur d'un show télévisé sur la chaîne NTV, réputée proche du pouvoir. Prokhorov vise son public : les jeunes classes urbaines argentées de Moscou ou Saint-Pétersbourg. Bien loin de la Russie profonde qui continue à diaboliser les oligarques....

 

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