Le FMI craint l'apparition de "nouvelles crises" venues des États-Unis et des émergents

Par Romain Renier  |   |  590  mots
Olivier Blanchard, le chef économiste du FMI, craint de "nouvelles crises", notamment en provenance de "l'incertitude" budgétaire aux États-Unis et des déséquilibres des pays émergents. (Photo : Reuters)
L'incertitude budgétaire américaine et la vulnérabilité de plusieurs pays asiatiques fait craindre au FMI de nouvelles crises. L'institution a revu mardi à la baisse ses prévisions de croissance pour l'économie mondiale .

Cinq ans après la chute de Lehman Brothers, le Fonds monétaire international (FMI) a refroidi les espoirs de reprise suscités par les données encourageantes de ces derniers mois. Inquiète, l'institution de Washington a en effet préféré souligner mardi dans ses projections économiques semestrielles "l'incertitude" budgétaire américaine et les "déconvenues" subies par les pays émergents, notamment depuis que la Fed a prévu à terme de réduire ses injections de liquidités.

Ainsi le FMI a-t-il été contraint de réviser à la baisse sa perspective de croissance mondiale pour cette année (2,9%) et l'an prochain (3,6%). Soit respectivement 0,3 et 0,2 point de moins que ce qui était encore attendu en juillet dernier. Le constat établi dans le rapport est simple : "l'économie mondiale avance à faible vitesse (...) et les risques de dégradation persistent". Les incertitudes actuelles pourraient même se convertir en "nouvelles crises".

Le "shutdown" américain dans le viseur

Estimant que la zone euro, seule a avoir connu la récession cette année, connaîtra un léger mieux l'an prochain, l'institution financière a braqué notamment son projecteur sur les États-Unis. Malgré son rôle de "principal" moteur de la croissance mondiale, les États-Unis inquiètent en raison de la paralysie budgétaire qui frappe actuellement Washington.

Un défaut de paiement de la première économie mondiale risquerait de fait de "gravement endommager" l'économie de toute la planète. La prévision de croissance américaine a par ailleurs été revue à la baisse pour 2013 et 2014 (respectivement +1,6% et +2,6%).

Les incertitudes sur la Fed révèlent les faiblesses des émergents

Mais la perspective d'un défaut de paiement n'est pas la seule raison pour laquelle le FMI pointe les États-Unis du doigt. La perspective d'une réduction des injections de liquidités par la banque centrale américaine avait en effet provoqué la dépréciation des monnaies émergentes en raison de reflux de capitaux vers le dollar à la fin du mois d'août. Mettant à jour les déséquilibres qui menacent certains pays tels que la Turquie, l'Indonésie ou encore l'Inde et le Brésil. Pour le FMI, ces "mini tests de résistance" ont révélé des "vulnérabilités accrues".

"Le risque d'une réaction excessive pourrait peser sur l'investissement et la croissance", prévient l'institution, mettant en garde les autorités des pays concernés contre des interventions "désordonnées" sur les marchés des changes.

Les émergents en bout de cycle

L'impact d'un changement de cap de la Fed pourrait être d'autant plus fort que la Chine et un "nombre croissant" d'économies émergentes arrivent à "la fin d'un cycle" qui les a vues porter l'économie mondiale à bout de bras et afficher des croissances vertigineuses, affirme le rapport.

"La plus importante information en ce moment vient des économies émergentes où la croissance a décliné, souvent davantage que ce que nous avions prévu", a prévenu Olivier Blanchard, le chef économiste du FMI.

L'Inde, et la Russie voient d'ailleurs leurs prévisions abaissée de -1,8 et -1 point dés cette année par rapport à juillet. Quant à la Chine, dont le rééquilibrage qui pèse sur la croissance potentielle n'inquiète pas outre mesure, elle sera surtout impactée par le ralentissement généralisé en 2014. Année au cours de laquelle elle devrait toutefois s'approcher dangereusement du plancher fatidique pour les autorités chinoises de 7% de croissance, avec une expansion économique limitée à 7,3%, selon le Fonds.