Le Japon (trop) optimiste sur la reprise

Par Romain Renier  |   |  422  mots
Le gouvernement parle de "reprise modérée" au Japon. Mais les économistes ne sont pas optimistes. (Photo : Reuters)
Tokyo a évoqué la reprise pour la première fois en six ans dans son rapport mensuel sur l'économie. Mais les perspectives ne sont pas si glorieuses.

Le Japon serait-il vraiment de retour ? C'est en tout cas ce que pense le gouvernement dans son communiqué mensuel de janvier, qui explique que l'économie "est en train de se reprendre modérément", évoquant une reprise pour la première fois depuis six ans. Dans son rapport de décembre, le gouvernement avait déjà supprimé le terme "déflation" pour la première fois.

La consommation, un enjeu...

De retour au pouvoir depuis décembre 2012, le Premier ministre conservateur Shinzo Abe a fait de la relance de la troisième puissance économique mondiale sa priorité et a débuté une politique incitative surnommée "Abenomics", constituée de trois "flèches".

L'un des objectifs est d'élever la masse monétaire en circulation, afin d'inciter les entreprises et particuliers à emprunter pour investir et consommer, puis de permettre à l'archipel d'enregistrer une hausse des prix de 2% par an de façon durable, c'est-à-dire de sortir de la déflation.

Depuis le lancement de son programme, la croissance a marqué quelques sursauts en début d'année 2013 avant de se tasser à nouveau, et une légère inflation a refait son apparition à cause de la faiblesse du yen qui rend les produits importés plus chers, notamment l'énergie.

... et une faiblesse

L'optimisme n'est pas de mise chez les analystes. En effet, la hausse actuelle de la consommation est essentiellement dûe à l'anticipation d'une hausse de la TVA prévue pour avril. Celle-ci viendra affaiblir la consommation, censée être le nouveau moteur de la croissance japonaise.

Signe de l'inquiétude, le dernier indice de confiance des consommateurs japonais, dont le niveau de revenus n'augmente pas, a reculé de 1,2 point en décembre à 41,3. En dessous de 50, cet indice signifie qu'une majorité de consommateurs redoutent une dégradation de la conjoncture. Quant à la perception du bien être économique, déjà à un niveau très bas de 37,8 points, elle a encore reculé.

A quand la troisième flèche ?

Face à ces perspectives bien moins bonnes que ne le laissent penser le dernier rapport du gouvernement, Shinzo Abe est attendu sur une troisième "flèche", celle des réformes structurelles, censées ouvrir la porte aux investisseurs étrangers, notamment, pour attirer de nouveaux investissements et doper la demande intérieure.

Mais le Premier ministre se heurte aux lobbies des industriels et des agriculteurs de l'archipel qui ne veulent voir leur position protégée être remise en cause.

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