Axel Kicillof, le "jeune loup" de Buenos Aires en lutte contre les "fonds vautours"

Par Romain Renier  |   |  607  mots
Doté d'un style qui détonne, chemise ouverte, favoris fournis, Axel Kicillof (à droite) doit son ascension fulgurante à son amitié avec Maximo Kirchner, le fils de la présidente Cristina Kirchner (à gauche). Cette dernière nourrirait d'ailleurs une très grande admiration pour l'érudition de son jeune poulain, et ne manquerait pas une occasion de le consulter.
Axel Kicillof, ministre de l'Économie de l'Argentine, est indéniablement l'homme fort de son gouvernement. Jugé proche des thèses keynésiennes et marxistes, suivant qui en parle, il a fort à faire pour redresser son pays. Portrait.

Une robe d'avocat. C'est la tenue que pourrait endosser le jeune et charismatique ministre de l'Économie de l'Argentine, Axel Kicillof, 42 ans, marié et père de deux enfants. Placé à ce poste fin 2013 par la présidente justicialiste Cristina Kirchner qui lui a donné carte blanche, le" jeune loup" de Buenos Aires, n'a de cesse d'allumer et d'éteindre des feux.

Partisan d'un État fort, régulateur de l'économie

Dernière affaire en date: la décision de la Cour suprême de New York, selon laquelle l'Argentine doit rembourser 1,3 milliard de dollars à deux fonds qui ont refusé de se plier à la restructuration de la dette en 2001. Il doit d'ailleurs défendre ce lundi la cause de son pays devant un médiateur.

Sur ce point, Axel Kiciloff explique depuis des semaines que l'Argentine ne pourra pas régler les créanciers ayant accepté la restructuration du pays si elle doit d'abord rembourser les fonds "vautours". Selon lui, la décision de la Cour suprême de New York ne regarde pas seulement l'Argentine, mais le monde entier, en ce qu'elle remet en cause la possibilité pour un État de restructurer sa dette, le forçant au défaut généralisé en cas de difficulté à rembourser.

Expropriation de Repsol

Avant cela, il s'était illustré en 2012 en menant l'expropriation de l'espagnol Repsol, à l'époque actionnaire majoritaire de la compagnie pétrolière argentine YPF. Selon lui, Repsol ne jouait pas le jeu en faisant sortir du pays 90% de ses revenus au détriment d'investissements qui auraient pu être réalisés sur le sol argentin. Il était alors vice-ministre de l'Économie. Mais il se murmurait déjà qu'il tenait les rênes du ministère...

Professeur d'économie à l'Université de Buenos Aires, auteur d'une thèse saluée par ses pairs sur John Maynard Keynes, il est souvent taxé de marxisme par ses détracteurs conservateurs. Il faut dire qu'il a créé avec des amis dans les années 1990 le mouvement "Tontos pero no tanto" ("bêtes, mais pas tant", ndlr), inspiré par l'auteur du Capital. Il est en tout cas partisan d'un État fort, régulateur de l'économie.

Dans les petits papiers de Cristina Kirchner

Axel Kicillof a débuté son parcours politique au sein de La Campora, le mouvement de jeunes fondé par Maximo Kirchner, le fils de la présidente, en 2003 pour soutenir le couple présidentiel. Il est alors considéré comme l'un des esprits les plus vifs du mouvement, et se voit offrir la direction de Aerolineas Argentinas, compagnie aérienne nationale. La plupart des membres de La Campora ont d'ailleurs accédé à de tels postes à responsabilité.

Doté d'un style qui détonne, chemise ouverte, favoris fournis, il doit en grande partie son ascension fulgurante à son amitié avec le fils de la présidente. Cette dernière nourrirait d'ailleurs une très grande admiration pour l'érudition de son jeune poulain, et ne manquerait pas une occasion de le consulter. Selon certains médias d'opposition, il aurait même déclaré à des amis avoir hypnotisé Cristina Kirchner. Une rumeur aussitôt démentie par l'intéressé.

Eviter le défaut

Il peut en tout cas compter sur une oreille particulièrement attentive à la Casa Rosada. Ce qui n'est malheureusement pas le cas à la Cour suprême de New York, qui l'oblige aujourd'hui à trouver une solution pour éviter un nouveau défaut argentin, alors que l'économie du pays, en proie à une inflation galopante et à la réduction comme peau de chagrin des réserves en devises de la banque centrale, risque d'entrer cette année en récession.