"Trois paires d'yeux" surveilleront les banques européennes (Coeuré)

Par Romain Renier  |   |  572  mots
Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne, a annoncé lundi un contrôle renforcé des bilans des banques à l'issue des prochains stress-tests
Trois contrôles successifs du bilan des banques seront désormais effectués dans la zone euro, a expliqué Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE). Un premier par les États, un deuxième au niveau européen, et un dernier par un auditeur indépendant, avant la tenue des prochains stress tests en mai prochain.

"L'année prochaine, notre manière de faire  sera très différente de la manière dont nous avons mené les deux précédents stress tests." C'est l'annonce du jour faite par Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE). De fait, désormais, "trois paires d'yeux" auront le regard porté sur les banques de la zone euro, afin d'en assurer la bonne santé, selon l'expression employée par l'économiste français.

"Chaque chiffre communiqué par les banques sera d'abord vérifié par le superviseur national, puis au niveau européen, à Francfort. Enfin, il y aura un troisième contrôle effectué par un expert comptable indépendant," a-t-il poursuivi.

Renforcer la crédibilité du système bancaire

Pour Benoît Coeuré, l'objectif d'un tel contrôle renforcé est "d'évacuer l'idée que certains actifs (dans le bilan des banques) valent bien moins que ce que l'on nous laisse voir". Cela devrait, selon la BCE, renforcer la crédibilité du système bancaire qui avait énormément souffert et qui peine encore à se remettre de la crise des dettes souveraines survenue dans la zone euro ces dernières années.

La mise en place de ce triple contrôle s'inscrit dans le cadre de la mise en place, difficile face aux réticences allemandes, d'une union bancaire au sein de la zone euro d'ici un an, visant à unifier et à clarifier le système bancaire européen pour éviter de nouvelles mauvaises surprises. L'enjeu d'un système bancaire plus solide étant d'augmenter sa propension à prêter afin de relancer l'activité. Ce que l'argent à bon compte offert aux banques par la BCE échoue à faire dans les régions sinistrées de la zone euro.

Les États doivent se tenir prêts à mettre la main à la poche

Un premier stress test, c'est à dire une simulation des effets d'une nouvelle crise sur les bilans des banques, avait eu lieu en 2010. Le second, mené en 2011 par l'autorité bancaire européenne, avait vu huit banques échouer avec un manque capitalistique total de 2,5 milliards d'euros. La prochaine série aura lieu en mai 2014, après la phase de contrôles renforcés que vient d'annoncer Benoît Coeuré.

Mais la BCE a dors et déjà demandé aux gouvernements de la région de se tenir prêts à intervenir à la suite du stress test qui sera conduit l'an prochain, au cas où des banques situées sur leurs territoires venaient à échouer.

Le MES jouera son rôle, selon Benoît Coeuré

Benoît Coeuré a toutefois promis que le mécanisme européen de stabilité (MES) se tiendrait prêt à intervenir lui aussi.

"Cela fonctionne. On l'a déjà utilisé en Espagne donc on le sait. Nous devons toutefois être sûrs que toutes les autres parties ont d'abord été mises à contribution, c'est à dire que les actionnaires doivent d'abord payer et il doit y avoir une part de renflouement (par des fonds publics)," a expliqué le Français.

Des propos destinés à rassurer mais qui peinent à masquer les dissensions qui existent encore sur le mécanisme de résolution des crises bancaires. La méthodologie pour l'évaluation concrète des bilans des banques doit par ailleurs encore être mise en place. Un vote du Conseil des gouverneurs aura lieu sur le sujet cette semaine.

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