2012 : l'année où la zone euro a vu sa dette franchir le fameux seuil de 90% de son PIB

Par Romain Renier  |   |  432  mots
Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff, deux économistes de l'université d'Harvard, ont publié une étude qui établissait qu'une dette publique qui dépassait les 90% du PIB entraînait une perte de 1% de la croissance. Depuis, ces travaux ont fait l'objet d'une controverse.
La barre de 90% du PIB d'endettement public a été dépassée dans la zone euro en 2012, confirme Bruxelles. Selon certains économistes, le dépassement d'un tel ratio a pour effet de ralentir la croissance économique, une théorie qui a servi de justification à l'application de politiques d'austérité.

Elle monte, elle monte... la dette publique en zone euro. Pour la première fois, la zone euro a dépassé en 2012 la barre symbolique de 90% d'endettement public par rapport au PIB avec 90,6%, contre 87,3% en 2011, selon Eurostat. Trois ans plus tôt, elle était inférieure de dix points à 80% du PIB. De quoi alimenter les débats entre opposants et partisans de la dette publique. Selon certains économistes, comme les controversés Reinhart et Rogoff, un endettement supérieur à 90% freine la croissance économique, même si leur théorie a été contredite par la suite en raison d'une erreur de calcul.

La France est dans la moyenne, mais sa dette progresser rapidement

C'est sans surprise la Grèce qui a remporté la palme de l'endettement public en 2012, avec une dette publique équivalente à près de 157% de son PIB. L'Italie suit avec 127%, talonnée par le Portugal et l'Irlande (respectivement 124% et 117%).

La dette de l'Allemagne, elle, dépasse toujours 80% du PIB à 81% et a augmenté entre 2011 et 2012. Quant à la France, elle se situe dans la moyenne avec une dette publique de 90,2% du PIB. Ce qui est marquant toutefois, c'est sa progression très rapide. Elle n'atteignait même pas 80% en 2009.

Au contraire, l'Estonie a de quoi étonner. La jeune république balte, élève modèle, peut s'enorgueillir d'une dette publique qui n'atteint même pas 10% de son PIB. A noter aussi le très faible endettement du Luxembourg, tout juste supérieur à 20% de son PIB ( 21,7%).

Les déficits des pays qui appliquent l'austérité sont toujours très élevés

En revanche les déficits publics, eux, se sont réduits en zone euro. Entre 2011 et 2012, le déficit public de la zone euro est ainsi passé de 4,2% en termes absolus à 3,7%. C'est toutefois encore au dessus des 3% exigés par Bruxelles.

L'Allemagne est toujours la championne de l'exercice en enregistrant un excédent public de +0,1%, talonnée par l'Estonie, qui affiche un déficit de -0,2%, et le Luxembourg (0,6%). La France, elle, fait toujours figure de mauvais élève, même si elle a obtenu un délai de deux ans pour atteindre les 3% requis avec -4,8% de déficit public enregistré en 2012.

Empêtrés dans la crise, les mauvais élèves de la classe son l'Espagne (-10,6%), la Grèce (-9%), l'Irlande (-8,2%), le Portugal et Chypre (tous deux à -6,4%). Bref, tous ceux qui ont mis en place des cures d'austérité pour... réduire leurs déficits publics et empêcher leur endettement d'exploser.

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