Nouveau ralentissement des prix dans la zone euro en décembre

Par Romaric Godin  |   |  521  mots
Les prix à la consommation ont augmenté de 0,8 % en décembre 2013 sur un an dans la zone euro.
Les prix à la consommation ont progressé de 0,8 % sur un an en décembre, contre 0,9 % en novembre. Ce qui complique encore le problème de la BCE

La désinflation reprend son cours en Europe. Selon les chiffres d'Eurostat publiés ce mardi, l'inflation des prix à la consommation dans la zone euro en décembre s'est élevé à 0,8 % sur un an, contre 0,9 % en décembre. Un recul modéré, mais qui confirme la faiblesse de la hausse des prix parmi les 18 pays de l'union économique et monétaire puisque sur les trois derniers mois de l'année, la hausse des prix a évolué en zone euro entre 0,7 % et 0,9 %.

Recul des prix des services

Progressivement, on semble donc s'éloigner de l'objectif de la BCE d'une inflation « inférieure, mais proche de 2 %. » D'autant que ce chiffre de décembre est un peu différent des deux précédents. En octobre, comme en novembre, la désinflation avait en effet été alimentée par le recul des prix de l'énergie (-1,7 % en octobre, -1,1 % en novembre). Cette fois, les prix énergétiques se sont stabilisés. L'inflation sous-jacente (hors énergie et alimentation) est ainsi de 0,7 %, son plus-bas historique. La désinflation est donc le fruit d'un recul des prix des autres biens et services. C'est donc une pression supplémentaire sur la marge des entreprises, notamment dans le secteur des services où la hausse annuelle des prix est passée de 1,4 % en novembre à 1 % en décembre.

L'Allemagne touchée par la désinflation

Autre source d'inquiétude : l'affaiblissement de l'inflation dans les pays du nord de la zone euro, particulièrement en Allemagne. Jusqu'ici, on pouvait prétendre que la stabilité des prix ou la déflation qui frappe certains pays du sud comme l'Espagne, la Grèce ou Chypre étaient des phénomènes « sains », comme l'a déclaré lui-même Mario Draghi, dans la mesure où il s'agissait d'un ajustement lié à la baisse du niveau de vie de ces pays. Mais lundi on a appris que l'Allemagne ne devrait connaître une inflation de 1,2 % seulement en décembre. C'est un chiffre faible pour la première économie européenne. Le risque serait que les sociétés allemandes tentent de compenser l'affaiblissement de la hausse des prix par une modération salariale qui affaiblirait le pilier centrale de la croissance allemande attendue pour 2014. Le risque d'une spirale déflationniste ne peut donc être exclu.    

Que fera la BCE ?

En octobre, l'affaiblissement brutal de la croissance de 1,1 % à 0,7 % avait conduit la BCE à abaisser encore d'un quart de point son taux directeur à 0,25 % pour contrer cette désinflation. Le Conseil des Gouverneurs de la BCE qui se réunit jeudi va donc devoir constater que cette baisse n'a pas permis de débloquer la situation. Mario Draghi va-t-il proposer, pour autant, de sortir une partie de sa « panoplie » ou de son « artillerie » pour contrer le phénomène ? Rien n'est moins sûr. Beaucoup plaident encore pour l'attentisme et misent sur une accélération de la reprise économique pour relancer la hausse des prix. Mais cette accélération pourra-t-elle avoir lieu avec une si faible inflation et avec des banques toujours aussi peu promptes à prêter ? De la réponse à cette question dépend la croissance européenne en 2014.