L'Eurogroupe pourrait bientôt avoir un président permanent

Par Romaric Godin  |   |  442  mots
Jeroen Dijsselbloem, ministre des Finances néerlandais, ne convainc pas les Européens
Selon le Handelsblatt, Jeroen Dijsselbloem, l'actuel président de l'Eurogroupe, pourrait être remplacé dès le mois de juin par un président permanent et "neutre." Pas si facile.

Le poste de Jeroen Dijsselbloem, l'actuel chef de l'Eurogroupe qui regroupe les ministres des Finances de la zone euro, ne tient plus qu'à un fil. Selon l'édition de ce lundi du quotidien allemand Handelsblatt, citant des « sources diplomatiques », un président « permanent » choisi en dehors des ministres membres de l'Eurogroupe pourrait être choisi en juin.

Un président neutre et disponible..

L'idée serait de disposer d'un président entièrement consacré à sa tâche alors que les attributions de l'instance sont de plus en plus importantes, notamment dans le cadre des « programmes d'ajustement » mis en place dans les pays qui ont demandé l'aide européenne. Ceci permettrait également de disposer d'un président en théorie plus « neutre. » En mai dernier, Angela Merkel et François Hollande avait déjà évoqué cette possibilité.

Jeroen Dijsselbloem, l'homme des « gaffes »

Ce portrait est le portrait en négatif de Jeroen Dijsselbloem, l'actuel chef de l'Eurogroupe, théoriquement en poste jusqu'en juin 2015. Le ministre néerlandais des Finances ne satisfait en effet réellement personne. Peu au fait des affaires financières, ce travailliste spécialiste de l'économie agricole a multiplié les gaffes depuis son entrée en fonction en voici un an. Après « le sauvetage » de Chypre, notamment, il avait parlé de « modèle » pour les autres sauvetages. Ces déclarations avaient provoqué un mouvement de panique et il avait dû être « recadré » par Wolfgang Schäuble.

La Haye à la manœuvre…

De surcroît, beaucoup doutent de sa neutralité. Choisi parce que Néerlandais, donc théoriquement « neutre », il s'est fait remarqué dans la défense des intérêts de son pays, notamment dans le sauvetage de la banque SNS en février 2013. Même à Berlin, cela a fini par irriter. Selon le Handelsblatt, La Haye tenterait encore de sauver son « poulain », mais il semble condamné. Sans doute les Pays-Bas se contenteront-ils d'un « lot de consolation » dans le jeu de chaises musicales européennes à venir après les élections européennes.

Le fruit d'un énième compromis franco-allemand

De façon plus générale, « l'erreur Dijsselbloem » prouve que les critères de choix dans les grandes institutions européennes sont à revoir. Jeroen Dijsselbloem a été nommé parce qu'il était issu d'un pays proche de l'Allemagne et qu'il était travailliste. C'est le fruit d'un compromis bancal franco-allemand après plusieurs mois d'âpres discussions. La compétence du candidat n'a pas eu grand chose à faire dans cette nomination. L'Europe en a payé le prix. Si les Européens commettent encore la même erreur, ce n'est pas ce énième changement institutionnel qui pourra améliorer la situation.