L'inflation au plus bas en Allemagne depuis quatre ans

Par Romaric Godin  |   |  415  mots
Les prix n'ont augmenté que de 0,9 % en Allemagne en mai
L'inflation n'a été que de 0,9 % en Allemagne en mai. Les économistes, pris de cours, tablent désormais sur une hausse des prix annuelle de 0,5 % pour la zone euro. Une raison de plus pour agir pour la BCE.

C'est un nouveau défi lancé à Mario Draghi. Si ce dernier hésitait encore à agir ce jeudi lors du conseil des gouverneurs de la BCE, le chiffre provisoire de l'inflation en Allemagne en mai va l'en dissuader. Selon Destatis, la hausse des prix le mois dernier n'a été que de 0,9 %. Le plus bas chiffre depuis juillet 2010, mais à l'époque, le taux d'inflation remontait puisque l'économie allemande, qui sortait de la terrible crise de 2008-2009 accélérait.

Jamais vu depuis juillet 2010

Cette fois, c'est bien à une décélération de la hausse des prix que l'on assiste outre-Rhin. En avril, l'inflation annuelle était de 1,1 %. Sur le seul mois de mai, la baisse a été de 0,1 %. C'est une douche froide pour la plupart des économistes qui, partant de la bonne tenue de la croissance outre-Rhin, s'attendaient en moyenne à une inflation de 1 %, beaucoup tablant sur une accélération à 1,2 %. Dans certains Länder, comme le très industriel Bade-Wurtemberg, la hausse des prix n'a été sur un an que de 0,6 %.

Inflation de 0,5 % dans la zone euro ?

Avec ce chiffre surprenant venant d'Allemagne et compte tenu de la décélération enregistrée en Italie et en Espagne, il est fort probable que le chiffre de l'inflation pour le mois de mai revienne à celui de mars, autrement dit à 0,5 % annuel. Ce serait la confirmation que l'inflation non seulement reste faible, mais qu'elle a tendance à s'affaiblir. Le risque, c'est que les agents économiques prennent acte de cette faible inflation dans leurs anticipations. Les entreprises, notamment, pourraient ainsi réduire leurs investissements et leurs capacités de production pour répondre à leur incapacité à déterminer les prix et à la persistance de prix quasi-stable. Dans ce cas, la déflation serait inévitable, car le ralentissement économique provoqué par le recul de l'investissement et la hausse du chômage se traduirait par une baisse généralisée des prix.

Allemagne en première ligne

L'Allemagne, si vaillante au premier trimestre avec une croissance de 0,8 % semble désormais en première ligne. Le chômage a augmenté plus que de coutume en mai et les indices de confiance et d'activité semblent marquer le pas outre-Rhin. L'indice Market PMI a ainsi été plus faible qu'attendu pour le secteur manufacturier ce lundi.

La BCE désormais va tenter de contrer le mouvement jeudi en proposant des mesures qui ne seront convaincantes que si elles sont fortes. Selon plusieurs médias, elle ne devrait pas se limiter à une simple baisse des taux.