La prospérité allemande pourrait durer jusqu'en 2030. Et après ?

Par Romaric Godin  |   |  486  mots
La croissance allemande pourrait chuter après 2030
Une étude publiée par le Handelsblatt de ce 9 juillet prévoit une accélération de la croissance allemande jusqu'en 2030. A ce moment, la crise démographique va peser lourdement sur la première économie européenne.

L'économie allemande devrait connaître des années 20 « en or. » C'est ce qui ressort d'un rapport sur l'avenir de la première économie européenne réalisé par l'institut économique Prognos et qui est révélé ce mercredi 9 juillet par le quotidien Handelsblatt. Selon ce rapport, la croissance moyenne annuelle entre 2020 et 2029 atteindra en Allemagne 1,5 %, soit 0,3 point de plus qu'au cours de la présente décennie.

Les belles années 2020

Tout devrait alors sourire à une Allemagne qui bénéficiera encore d'une dynamique puissante des exportations, notamment alimentée par la fin de la crise de la zone euro par le maintien d'une croissance chinoise à un rythme élevé (5,6 % par an). Mais la demande intérieure, et notamment la consommation des ménages, devrait progressivement, selon Prognos, prendre de plus en plus de place pour devenir le principal pilier de l'économie allemande à la fin des années 20. L'Allemagne devrait demeurer néanmoins une grande puissance industrielle dans la prochaine décennie.

Le tournant de 2030

La situation pourrait néanmoins brusquement changer à l'aube des années 2030. A ce moment, le vieillissement de l'Allemagne deviendra critique et commencera à peser sur la dynamique économique. Le nombre d'Allemands de plus de 65 ans atteindra 42 % en 2040 contre 30 % aujourd'hui. Le besoin de main d'œuvre sera cruel : il devrait manquer 4 millions d'actifs sur le marché du travail allemand entre 2020 et 2030. « Pour des raisons purement démographiques, le volume de travail devrait baisser de 18 % en 20 ans avant 2040 », explique le chef économiste de Prognos Michael Böhmer.

Baisse de la compétitivité

Moins d'actifs, moins d'habitants. L'Allemagne verra sa capacité de consommation et de production se réduire. Pour éviter ce mouvement, il faudrait que le solde migratoire soit positif de 200.000 personnes par an durant 20 ans, que le taux d'activité monte en flèche et que le temps de travail augmente de 5 %. Mais il n'y aucune garantie que ceci soit mis en place et que le travail ne se renchérisse pas alors fortement, tandis que la capacité d'innovation de l'Allemagne sera mise à mal. Sans compter le coût croissant des dépenses sociales. Au final, la compétitivité et la dynamique industrielle et exportatrice vont se réduire. En 2040, Prognos estime que les exportations ne représenteront plus que 20 % du PIB, contre 53 % aujourd'hui. La croissance des années 2030 ne dépassera pas 1 % de moyenne annuelle. Une chute d'un tiers par rapport à la période précédente.

Chute de la part de l'Allemagne dans le PIB mondial

Malgré ses « roaring twenties », l'économie allemande va progressivement perdre de l'importance sur la scène internationale compte tenu de la montée en puissance de la Chine, de l'Inde et des autres émergents. Selon Prognos, la part du PIB mondial générée d'Allemagne ne sera plus en 2040 que de 4,6 % contre 6,3 % aujourd'hui. Et tout ceci avec un scénario assez optimiste, notamment sur la fin de la crise de la zone euro...