La Bundesbank demande plus de hausses de salaires en Allemagne

Par Romaric Godin  |   |  471  mots
La Bundesbank veut de meilleurs salaires en Allemagne
Le chef économiste de la banque centrale allemande réclame une accélération des hausses de salaires outre-Rhin. Mais le patronat rechigne à s'exécuter.

Le fait est assez rare. Dans une interview accordée à l'hebdomadaire Der Spiegel à paraître demain 21 juillet, le chef économiste de la Bundesbank Jens Ulbrich appelle à des hausses de salaires plus importantes outre-Rhin. Tout en saluant la « prudence » des partenaires sociaux au cours des dernières années, il considère que le temps de cette prudence est révolu. « Compte tenu de la bonne situation conjoncturelle, du faible taux de chômage et des perspectives modérément optimiste », il conseille donc à ces mêmes partenaires sociaux d'accélérer la hausse des salaires.

Inflation faible

La demande de la Bundesbank est cohérente. L'inflation reste faible en Allemagne. En juin, elle s'est située à 1 % par rapport au mois de juin de l'an passé. Compte tenu du ralentissement de la croissance attendue outre-Rhin, il demeure un risque que cette inflation s'affaisse à nouveau. C'est pour éviter cette situation que la Bundesbank demande une forte hausse des salaires. « Notre mesure de jugement en tant que banque centrale est uniquement la stabilité des prix et notre argumentation est symétrique et consistante », a indiqué Jens Ulbrich. Autrement dit, il est du devoir de la banque centrale allemande de demander la modération salariale lorsqu'il y a risque d'inflation et la hausse des salaires lorsque le risque est déflationniste.

La consommation, moteur de la croissance

La faiblesse du commerce mondial, celle de la conjoncture européenne et émergente, pèse sur les exportations allemandes. Le creusement de l'excédent commercial allemand s'explique avant tout par la modération des importations. Mais les exportations ne sont plus le moteur qu'elles ont jadis été pour la première économie de la zone euro. Désormais, c'est bien plutôt la consommation des ménages qui joue ce rôle, mais c'est un moteur encore trop peu puissant. La Bundesbank espère pouvoir le dynamiser par des hausses de salaires.

Les salaires négociés ne font pas tout

Il n'est pas certain que le patronat allemand l'entende de cette oreille. Déjà inquiet par la mise en place du salaire minimum (partiellement en 2015, entièrement en 2017), il plaide pour une modération salariale par ailleurs afin de ménager les marges et de sauvegarder la compétitivité du pays. Les négociations s'annoncent donc serrées. Mais notons que la demande de Jens Ulbrich ne concerne que les salaires négociés collectivement. Or, ces salaires pèsent de moins en moins dans l'ensemble des salaires.

Selon Destatis, seuls 50 % des salariés sont encore soumis à des tarifs de branche. 41 % d'entre eux ne sont soumis à aucun accord et 9 % à des accords d'entreprises. Résultat : alors que les salaires négociés ont progressé en 2013 de 0,9 % en termes réels, l'ensemble des salaires a reculé de 0,1 %. Bref, augmenter les salaires ne sera pas une mince affaire en Allemagne.