L'Union européenne prépare une réponse à l'embargo russe sur les produits alimentaires

Par Marina Torre  |   |  688  mots
La Pologne cherche un nouveau débouché pour ses pommes: les Etats-Unis.
Plusieurs options commencent à être évoquées en Europe: des mesures de soutien au secteur agroalimentaire, un plainte à l'OMC ou encore la recherche de nouveaux débouchés.

Face à l'embargo russe sur les produits alimentaires, Bruxelles réunit des experts. Le 14 août, Dacian Ciolos, le commissaire européen chargé de l'Agriculture rassemblera ainsi des spécialistes du secteur agroalimentaire.

Il s'est déjà concerté avec les ministres de l'Agriculture des pays membres, notamment avec Stéphane Le Foll pour la France.  Pour l'heure, aucune réunion officielle des ministres de l'Agriculture n'est au programme selon l'Italie, qui préside actuellement l'UE.

>> Embargo russe: quel coût pour l'agroalimentaire français?

11,8 milliards d'euros

Le problème en suspens: quelles réponses à donner à cette interdiction de l'exportation vers la Russie?  A titre indicatif, le montant total des exportations de produits agroalimentaires de l'UE vers la Russie a atteint 11,8 milliards d'euros soit 10% des exportations agroalimentaires européennes l'an dernier. En outre, le secteur craint un effondrement des prix en cas de surabondance.

Pour éviter cette situation, l'option du "dégagement" qui consiste à retenir une partie de la production serait sur la table selon le patron de la FNSEA, Xavier Beulin. Ces mesures prévoiraient en contrepartie des indemnisations pour les agriculteurs.

Des mesures défendues par Paris?

Sur le principe, des mesures d'aides aux agriculteurs pourraient recevoir le soutien de la France qui aurait pour projet d'en faire part à la Commission européenne. Après son entretien téléphonique vendredi avec François Hollande, c'est ce que Xavier Beulin, le président de la FNSEA, a indiqué à la presse.

L'Elysée, moins affirmatif, s'est borné à affirmer via un communiqué que

"des contacts étaient en cours avec la Commission européenne pour que les conséquences directes et indirectes de cet embargo soient évaluées avec précision afin de prendre des mesures adaptées à la gravité de la situation".

"Une attention particulière sera portée aux producteurs de fruits et légumes, et des éleveurs qui rencontrent déjà des difficultés de marché."

De nombreux pays européens concernés

"Il faut que ça aille vite car on est en pleine récolte", a souligné Xavier Beulin. Sont concernés en priorité que les pêches et les fruits d'été qui sont notamment produits en Italie et en Espagne, puis les pommes provenant surtout de Pologne et de France mais aussi les tomates dont les Pays-Bas, l'Allemagne et la Belgique sont d'importants fournisseurs.

Aux Pays-Bas, l'un des premiers exportateurs de produits alimentaires au monde, les professionnels du secteurs s'activent également pour presser le gouvernement de réagir.

Bataille juridique à l'OMC?

Pour l'instant Bruxelles reste également très évasive. Dans un communiqué diffusé vendredi le commissaire roumain Dacian Ciolos a écrit:

"Dans le contexte actuel, il est important de réagir de façon proportionnelle et rapide (...) Je suis certain que notre secteur agricole résilient se réorientera rapidement vers de nouveaux marchés et opportunités".

Par ailleurs, pour la partie légale, la présidence française a indiqué vendredi que "des démarches auprès de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) devront être envisagées au niveau communautaire", dans un communiqué. La Pologne envisagerait également d'en référer à l'OMC.

La Pologne veut vendre ses pommes outre-Atlantique

Enfin concernant la recherche de nouveaux débouchés, Varsovie a déjà engagé des démarches. Objectif: obtenir une ouverture rapide du marché américain pour ses pommes, a indiqué samedi l'ambassadeur de Pologne à Washington, Ryszard Schnepf, cité par l'agence PAP.

Le diplomate a dit avoir rencontré le secrétaire d'Etat adjoint chargé l'Agriculture, Michael Scuse et "une nouvelle rencontre est prévue le 18 août avec les chefs de l'agence qui autorise l'entrée de produits agricoles aux Etats-Unis".

Les Etats-Unis bloquent les fruits et légumes européens

 La Pologne est le premier pays producteur de pommes, dont plus de la moitié (56%) étaient destinées à son voisin russe avant l'embargo imposé par Moscou.

Si les importations de fruits et légumes frais en provenance de l'Union européenne sont interdits pour l'instant aux Etats-Unis, également frappés par l'embargo russe, quelques exceptions demeurent. Ainsi, la Pologne y exporte des poivrons et des brocolis, l'Italie des pommes et des poires.