Un référendum sur l'euro est-il possible en Italie ?

Par Romaric Godin  |   |  513  mots
Ex-comique et blogueur, Beppe Grillo veut un référendum sur l'euro.
Beppe Grillo, le chef du Mouvement 5 Etoiles a promis la tenue d'un tel référendum. Il apparaît cependant peu probable.

Alors que le gouvernement de Matteo Renzi a présenté jeudi un budget en forme de défi à Bruxelles avec un déficit structurel quasi stable et un déficit effectif qui frôle les 3 % du PIB, l'Italie pourrait-elle encore causer quelques sueurs froides à Bruxelles ? Dimanche dernier, dans un discours prononcé au Cirque Maxime à Rome, le chef du Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo a annoncé qu'il relançait une de ses vieilles idées : organiser un référendum sur le maintien ou non de l'Italie dans l'euro.

Procédure longue et pénible

Pour organiser un tel référendum, la procédure sera extrêmement longue. Elle devrait débuter par le recueil de 50.000 signatures afin de déposer une initiative populaire auprès des chambres pour une loi constitutionnelle qui permettrait d'instaurer en Italie un référendum consultatif, y compris sur l'euro et ne permet pas davantage d'abroger par référendum un traité international. Aujourd'hui, la constitution italienne ne prévoit pas ce type de référendum. C'est seulement une fois cette loi votée par les chambres que l'on pourra commencer à collecter des signatures pour demander un référendum sur une éventuelle sortie de l'euro.

Campagne de communication

Il faut donc en passer par un vote majoritaire à la chambre. Comme les partis eurosceptiques ne disposent pas de la majorité à la chambre, cette initiative de Beppe Grillo ressemble beaucoup à une campagne de communication plus qu'à quelque chose de sérieux. Certes, son idée est de forcer la main au parlement en recueillant non pas seulement les 50.000 signatures nécessaires à l'initiative, mais en en présentant 3 millions de signatures. C'est aussi de placer au centre du débat politique la question de l'euro. Mais là encore, le Mouvement 5 Etoiles pourrait le faire dès à présent, sans passer par une initiative populaire.

Eclatement des eurosceptiques italiens

Beppe Grillo s'agite donc beaucoup pour tenter de profiter de la vague de mécontentement qui a suivi la suppression de l'article 18 du statut des travailleurs par le fameux « job acts » de Matteo Renzi. Il sait aussi que des enquêtes d'opinion montrent que l'Italie est désormais un pays où le rejet de l'euro est très fort. L'une d'elle, datant de mars 2014 pour Rai 3 indique que 43 % des Italiens voulaient quitter la zone euro, Mais ce rejet unique peine à se traduire en termes politiques, car le camp eurosceptique est très éclaté. Entre la Ligue du nord, de plus en plus proche du FN français et l'extrême-gauche très affaiblie, le Mouvement 5 Etoiles a du mal à se positionner. Son alliance fugace avec le UKIP britannique lui a aliéné une partie de la gauche, mais il se garde de toute alliance avec la Ligue du Nord. Cette semaine, il a ainsi refusé de rencontrer Matteo Salvini, le chef de la Ligue pour constituer un front anti-euro, quelques jours après avoir demandé la constitution de ce front... Une chose en tout cas semble certain : un référendum sur l'euro en Italie est peu probable, voire impossible.