L'inégal développement du e-tailing

Les Etats-Unis sur la route de la cyber croissance. Avec 17% de ménages qui consomment sur l'Internet, les Etats-Unis constituent les leaders incontestés de l'e-tailing. Entre 1998 et 1999, les ventes en ligne ont triplé. Les analystes d'Ernst & Young prévoient même une croissance de l'e-commerce de 10% d'ici 2002, si l'augmentation du nombre de ventes en ligne conserve ce cap. Soutenu par un fort taux d'équipement informatique (53%) et des tarifs téléphoniques peu chers, le développement du net n'a pas connu de réels freins. Les entreprises ont très vite pénétré le marché, la plupart des grands distributeurs bénéficiant d'un site web depuis l'été dernier. D'ailleurs, le succès rencontré à Noël prouve , si besoin était, de l'émergence rapide du e-commerce. Plus mûr qu'en Europe, le marché américain semble aujourd'hui davantage pêcher par excès de zèle, les commerçants sollicitant énormément le chaland qui, lorsqu'il est déçu, va alors boycotter le site... Très exigeant, le client Internet attend du web qu'il lui permette d'acquérir ce qu'il souhaite dans les meilleures conditions (de prix, délai et qualité) même s'il n'a en réalité guère confiance dans l'outil lui-même (sécurité des paiements, respect de la vie privée). Financées le plus souvent par des capitaux risqueurs, les start-up américaines sont nombreuses à survivre aujourd'hui grâce à ces derniers, faute de réaliser des profits. Et à part quelques unes (Amazon.com, Yahoo.com, eBay...), la plupart préfère se cantonner à développer leur parts de marché domestique. Mais si ces "commerçants en ligne ont encore maintenant une belle longueur d'avance sur leurs concurrents, cela ne sera pas toujours le cas" précise l'étude avant de conclure : "Les Etats-Unis disposent d'une opportunité unique de dominer" le marché mondial.Le paradoxe canadien. Si les canadiens n'ont pas hésité à s'équiper en masse (56% de la population dispose d'un ordinateur à domicile), ils n'ont pas encore, semble-t-il, sauté le pas du e-commerce, seulement 9% d'entre eux se sont déjà essayé à l'achat en ligne. Comment expliquer cette absence d'engouement? Selon les conclusions de l'étude d'Ernst & Young, ce comportement se justifie par l'absence de stratégie des commerçants dans ce domaine. Ne croyant pas pouvoir tirer d'intéressants profits de la vente en ligne, les commerçants préfèrent n'offrir que des produits basiques. Faute d'offres donc, la demande resterait fantôme... En réalité, la proximité du marché américain semble défavoriser les entreprises canadiennes. Comment concurrencer un site tel que celui d'Amazon.com ? Quant aux consommateurs, ils se demandent pourquoi ils devraient payer cher un produit acheté sur le net (taxes, frais d'envoi) qu'il faudra de surcroît attendre, alors qu'il est possible de l'acheter moins cher au coin de la rue...Reste que certaines entreprises qui se sont lancées par défi sur le web comme Future Shop ou RadioShack Canada ne le regrettent pas aujourd'hui. Mais pour rester dans la course, elles savent qu'elles devront obligatoirement intégrer le e-commerce dans leur business plan.La mutation française. Fidèle à son minitel, la France semble avoir du mal à franchir le pas du web. 26% des ménages seulement sont actuellement équipés d'un ordinateur. Mais, cette situation devrait se renverser dès cette année prévoit Ernst & Young. Le développement d'importants sites d'e-commerce (les Galeries Lafayettes, Promod, La Redoute, la Fnac...), la sortie de produits adaptés ( le WebPhone d'Alcatel) mais aussi l'impulsion politique devraient rapidement bousculer la done. Et ce, d'autant plus que le consommateur français est dit fidèle à son commerçant. Ainsi, de nombreux industriels sont persuadés que lorsque de grands groupes tels que Casino, Leclerc, Intermarché seront bien installés sur le web, leur clientèle suivra, délaissant ainsi les sites concurrents, notamment américains, arrivés sur le marché ces dernières années.L'Italie à la traîne. Avec quelque 14% de ménages équipés d'un ordinateur et 1% seulement de clients en ligne, l'Italie fait pâle figure. Surnommée "le pays qui abrite un million de boutiques", l'Italie aurait pourtant, à en croire Ernst & Young, le potentiel de développer sur le web un million de sites ! Alors comment justifier le si faible taux d'achats en ligne ? Principalement par l'orientation b-to-b des entreprises italiennes qui ont négligé les attentes des consommateurs particuliers. Mais ce retard s'explique aussi par la barrière de la langue et le manque d'équipement des Italiens qui préfèrent les téléphones mobiles aux PC. Ce goût pour la téléphonie mobile (47% de la population en possède) pourrait néanmoins leur permettre de combler rapidement leur handicap, dès lors que les mobiles serviront de relais au net. En attendant, les Italiens devraient être sensibilisés par le programme "Bopervoi" lancé en mai dernier par Coop Adriatica, le plus grand distributeur italien. En coopération avec Telecom Italia et la ville de Bologne, 2000 familles testent les principales transactions réalisables via le web (paiements de taxes, achats de produits, réservations de billets et diverses opérations bancaires). Ce programme, qui prendra fin en novembre, montre en tout cas la capacité du marché italien à s'adapter au commerce en ligne.
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