Finalement, il ne devrait pas y avoir de licenciements massifs chez Yahoo. Début novembre, en effet, une information avait filtré laissant entendre que le géant de l'Internet pourrait supprimer près de 2.000 postes. Si tel ne sera donc pas le cas, Yahoo a cependant annoncé hier soir une vaste réorganisation qui passe par les départs de Daniel Rosensweig, le directeur opérationnel et de Lloyd Braun, le patron du Yahoo Media Group qui avait été embauché il y a deux ans pour remodeler les services Internet de Yahoo.

Le groupe qui avait été qualifié par un de ses dirigeants comme étant trop "bureaucratique" a par ailleurs décidé de se restructurer autour de trois pôles : l'un dédié aux outils pour ses clients (moteur de recherche, communication, communautés, médias), le second consacré à la publicité qui sera dirigé par l'actuelle directrice financière de Yahoo, Susan Decker, tandis que la troisième entité gèrera le développement technologique du groupe. Ces modifications de structure prendront effet le 1er janvier et Yahoo compte achever sa réorganisation d'ici fin mars 2007

Pour Yahoo et surtout pour les marchés, cette restructuration devenait indispensable. Après la période d'euphorie, les investisseurs ne font plus confiance au portail Internet dont l'action a perdu plus de 35% en un an. Ils reprochent au groupe, le site Web le plus visité des Etats-Unis et dont la marque est connue dans le monde entier, de ne pas savoir profiter des nouvelles opportunités qu'engendre l'Internet. "Yahoo a été victime de son succès et n'a pas vu que le monde avait changé" explique un analyste de Piper Jaffray.

Ainsi, dans la publicité en ligne dont le chiffre d'affaire explose, Yahoo n'arrive pas à attirer les nouveaux annonceurs qui veulent toucher des publics jeunes, plus intéressés par les sites communautaires (comme MySpace) que par les portails généralistes. Et le constat est encore plus dur quand Yahoo est comparé à Google qui, déjà leader sur les moteurs de recherche, a su capter une grosse partie de la publicité sur Internet. Par ailleurs, le rachat de YouTube (sites de vidéo partagées) par Google a semblé montrer que même sur le plan de l'innovation, Yahoo était devancé par son rival.

L' avertissement semble donc avoir été entendu en interne. Commentant hier le nouveau plan d'action, Terry Semel, le PDG du groupe s'est voulu combatif : "Internet grandit et évolue vite et nous allons remodeler Yahoo pour qu'il soit le leader de cette transformation". S'appuyant sur un savoir-faire technologique qui a fait ses preuves et avec l'arrivée de nouvelles offres commerciales, le groupe espère maintenant convaincre ses principaux clients (les annonceurs) que l'avenir de l'Internet passe par lui.