L'essoufflement de la croissance chinoise se fait attendre

Investissements, croissance de la masse monétaire et production industrielle ont progressé de façon un peu moins soutenue en novembre. Mais les mesures gouvernementales restent bien insuffisantes et c'est surtout le ralentissement de la croissance mondiale qui pèsera sur la Chine ces prochains mois.

D'après les derniers indicateurs conjoncturels chinois, il semble que le gouvernement ait du mal à enrayer l'emballement de la croissance chinoise. Certes, la hausse des dépenses des entreprises en usine, immobilier et autres actifs à long terme n'avait pas été aussi faible en novembre depuis cinq mois. Les investissements en zone urbaine ont néanmoins gagné 26,6 % durant les onze premiers mois de l'année à 1.000 milliards de dollars. Par ailleurs, la croissance de la masse monétaire M2 n'a que très faiblement ralenti, affichant une hausse de 16,8 % le mois dernier après 17,1 % le mois précédent.

Il semblerait donc que les mesures gouvernementales pour restreindre les crédits et les projets aient du mal à porter leurs fruits. "Il n'est pas question que l'Etat relâche la pression", commente Michael Kurtz, chez Bear Stearns, interrogé par l'agence Bloomberg à HongKong. "Les mesures pour abaisser les investissements ne sont pas encore suffisantes" estime-t-il.

La vigueur de la croissance chinoise pose à la fois le problème des goulets d'étranglements (les infrastructures ne suivent pas toujours le développement frénétique de l'économie) et celui des surplus, si les débouchés ne parviennent pas à absorber le rythme de la production. La croissance chinoise n'avait atteint "que" 10,4 % au troisième trimestre, un plus bas depuis un an. Au trimestre précédent, elle s'était inscrite à 11,3 %, au plus haut depuis plus d'une décennie.

"Nous tablons sur un recul de la croissance à 9,5% l'an prochain contre 10,7% cette année", indique Johanna Melka, économiste chez Natixis. Mais ce tassement sera plus le fait d'un recul de la demande mondiale, en particulier des Etats-Unis, que des mesures entreprises par le gouvernement, qui n'ont quasiment aucun effet sur le crédit, la masse monétaire, l'investissement et la surchauffe dans l'industrie lourde (énergie, acier, aluminium, ciment...).

"Les actions de l'Etat sont pourtant très concrètes, avec des mesures incitatives pour investir à l'étranger (ces investissements sont passés de 5 milliards en 2003 à 12 milliards en 2005 et pourraient atteindre 20 milliards cette année), l'augmentation des réserves obligatoires des banques ainsi que les mesures réglementaires pour réduire la corruption des gouvernements locaux qui abusent de crédits bancaires", explique l'économiste. Enfin, le gouvernement cherche à favoriser la distribution de dividendes pour réduire les profits des entreprises et accroître la demande intérieure, car la Chine compte quelques 60 millions de petits actionnaires.


Paulson appelle à un yuan plus flexible
A l'ouverture du sommet sino-américain bi-annuel à Beijing, le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson a enjoint la Chine de déployer des efforts pour des "résultats tangibles" afin de préserver le pays d'un protectionnisme néfaste. Henry Paulson souhaite plus de souplesse envers le yen en vue d'une totale flexibilité dans "les prochaines années". Les discussions de Beijing sont un test pour le secrétaire au trésor qui a su convaincre législateurs et chefs d'entreprises que le dialogue était probablement une meilleure solution que les sanctions pour lutter contre le protectionnisme chinois. Le yuan a clôturé au cours record de 7,8185 contre le dollar aujourd'hui sur le marché de gré à gré contre 7,8265 la veille. La même "coïncidence" avait été relevée lors de la précédente viste d'Henry Paulson en Chine en septembre.

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