Eurotunnel est sauvé : les créanciers ont voté pour la restructuration

Les créanciers d'Eurotunnel, qui contrôlent les deux tiers de la dette de 9 milliards contractée par le groupe, ont voté ce matin sur le plan de sauvetage proposé par la direction et son président, Jacques Gounon. Au terme d'un scrutin à haut suspense, ils ont finalement accepté le plan proposé, écartant du même coup le spectre de la mise en redressement judiciaire.

Le vote des créanciers d'Eurotunnel sur sa restructuration financière s'est terminé en fin de matinée. Aussitôt après, un porte-parole du groupe a annoncé que les créanciers ont voté lundi en faveur de la restructuration financière proposée par la direction. Les propositions du PDG du groupe, Jacques Gounon, ont été approuvées par 28 créanciers sur 53, représentant 72% de la dette.

Les créanciers d'Eurotunnel s'étaient réunis un peu après 10 heures (9h GMT) dans une salle du tribunal de commerce de Paris pour procéder au vote. Pour qu'elles soient adoptées, la moitié des créanciers représentant les deux tiers de la dette devaient voter en faveur des propositions présentées fin octobre par la direction, qui prévoient notamment la réduction des créances de plus de la moitié.

Le scrutin se déroulait dans le cadre de la procédure de sauvegarde, lancée le 2 août par le tribunal de commerce. Le destin d'Eurotunnel était donc suspendu au résultat du vote mais les banques d'affaires américaines Citigroup et Goldman Sachs, associé à la Deutsche Bank, se bousculent déjà pour refinancer sa dette. Dans un communiqué, l'opérateur du tunnel sous la Manche a en effet annoncé dimanche avoir reçu des propositions émanant de ces deux établissements, concernant l'octroi d'un nouveau prêt de 2,84 milliards de livres sterling (4,2 milliards d'euros) et la souscription à une émission d'obligations convertibles.

La direction d'Eurotunnel qualifie "d'engageantes" les offres des groupes bancaires, ajoutant qu'elles "seront analysées par les banques conseils du groupe, puis examinées par son comité d'audit avant d'être soumises à la décision du Conseil d'administration".

Cette annonce est survenue opportunément alors que les créanciers devaient se prononcer ce lundi sur le plan de restructuration financière proposé par la direction, qui prévoit de réduire la dette de 9 milliards d'euros de moitié, sous forme d'emprunt bancaire sur 40 ans. Le vote se déroulait dans l'enceinte du tribunal de commerce de Paris, qui a engagé cet été une procédure de sauvegarde à l'égard d'Eurotunnel pour lui éviter le dépôt de bilan.

Avant le scrutin, Jacques Gounon, le patron d'Eurotunnel, s'était dit confiant. Il a exhorté tout au long de la semaine les créanciers à se mobiliser pour adopter son programme, rappelant qu'il fallait atteindre un quorum de 50% de votants pour valider le scrutin. Au total, cinquante-trois établissements de crédit, représentant la bagatelle de 6,3 milliards d'euros de créances, devaient s'exprimer.

Le vote s'annonçait a priori extrêmement serré, car si la plupart des créanciers sont restés muets, plusieurs voix discordantes se sont fait entendre. Le fonds d'investissement américain Oaktree, qui revendique environ 10% des droits de vote (mais 7% selon les calculs d'Eurotunnel), a fait savoir vendredi qu'il ne voterait pas en faveur du plan. Si les différentes parties n'étaient pas parvenues à s'entendre à l'issue du scrutin, le tribunal aurait pu décider de placer Eurotunnel en redressement judiciaire.

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