Le directeur de l'OMC Pascal Lamy refuse de parler d'échec des négociations

Après avoir appelé à la suspension des pourparlers lundi, le directeur général de l'OMC exhorte les pays membres à changer de tactique et de position. L'Asie refuse également d'admettre déjà l'échec du cycle de Doha.

Après avoir suspendu sine die les négociations lundi, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce, Pascal Lamy, a appelé aujourd'hui les pays membres à "revenir sur le terrain en ayant changé de tactique et de position" pour tenter de sauver le cycle de négociations de Doha. Ce week-end, à Genève, les négociations au sein du G6, qui regroupe les six grands acteurs de l'organisation (Etats-Unis, Union européenne (UE), Japon, Inde, Brésil et Australie) ont été reportées sine die et le rendez-vous ministériel prévu en fin de semaine tout simplement annulé.

Pascal Lamy a a expliqué à France Inter que la suspension des négociations décidée lundi "est un peu comme au basket, c'est un temps mort pendant lequel les équipes discutent avec les entraîneurs avant de revenir sur le terrain." Il s'est toutefois refusé à parler d'"échec" définitif en l'état."Ce que je souhaite c'est que la gravité de la situation soit bien perçue par les différents joueurs et qu'ils reviennent sur le terrain en ayant changé à la fois de position et de tactique", a-t-il déclaré. "Nous sommes dans une situation grave, il faut que les gens réfléchissent, ce qui serait encore plus grave serait qu'ils ne reviennent pas à la table des négociations", a-t-il conclu.

De même, l'Asie-Pacifique, dont la très militante Australie, a exprimé sa déception face à l'échec des négociations de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) mais a refusé de prononcer la mort de l'ensemble du cycle de Doha, lancé au Qatar en 2001. Le secrétaire général et porte-parole du gouvernement japonais, Shinzo Abe, a lui aussi souligné que la fin de Doha n'avait pas encore été signée. Estimant "très regrettable que les pourparlers aient été suspendus", il a ajouté que "notre engagement à remettre les négociations sur les rails et à parvenir à un accord reste inchangé". L'Australie et la Nouvelle-Zélande ont rappelé que les pays en développement porteront le plus lourd tribut à l'échec des négociations.

Accusés de ne pas vouloir céder sur le subventions de ses agriculteurs, les Etats-Unis reprochent de leur côté à l'UE de ne pas baisser ses droits de douane sur les produits agricoles. Les échéances électorales des uns et des autres ne permettant pas d'être plus optimiste sur l'avenir des négociations.

"La France regrette que la focalisation excessive de la négociation sur les sujets agricoles conduise à différer sine die les résultats attendus dans le domaine des règles, des services, de l'accès au marché qui sont importants pour les entreprises françaises et européennes", a aujoud'hui déclaré de son côté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Mattéi.

Grands bénéficiaires du blocage des négociations, les agriculteurs français ont exprimé aujourd'hui leur satisfaction. Cet échec "est une bonne nouvelle pour les agriculteurs car il est certain qu'un nouvel accord serait venu accroître leurs difficultés", affirme la Coordination Rurale, un syndicat agricole minoritaire. La Coordination Rurale rappelle qu'elle souhaite, depuis 1992, que soit décrété "l'exception agriculturelle" et qu'une organisation mondiale de l'agriculture soit établie sous l'égide de l'ONU et de la FAO.

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