La crise politique hongroise s'envenime

Malgré la lourde victoire de la droite dimanche aux élections locales et les appels du président à sa démission, le Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany ne démissionne pas et demande au parlement un vote de confiance. L'opposition menace de rassemblements de grande envergure si le gouvernement ne vote pas de motion de censure avant jeudi.

Malgré les appels à la démission du président et une lourde victoire de la droite aux élections locales hier, le Premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany reste fermement ancré à son poste. Pour la forme, ce dernier a annoncé aujourd'hui qu'il demanderait vendredi prochain un vote de confiance au parlement, qu'il est assuré de gagner.

"Je demanderai au parlement un vote de confiance dans le programme du gouvernement pour instaurer des équilibres (économiques), des réformes et le développement", a-t-il déclaré à la presse dans l'après-midi.
Disant "entendre la voix de la critique", il a aussi rappelé sa détermination à imposer des réformes dures mais nécessaires. Ferenc Gyurcsany avait reçu dimanche soir le soutien "total" de sa coalition, qui bénéficie d'une confortable majorité 210 (bien 210) sièges sur 386 au parlement.

De sorte que le chef de l'opposition de droite Viktor Orban a qualifié cette initiative de "mensonge minable" en estimant que "le véritable vote de confiance" avait eu lieu dimanche dans les urnes. Viktor Orban a aussi lancé un ultimatum au gouvernement en exigeant qu'une motion de censure soit votée avant jeudi en début d'après-midi, faute de quoi il appellerait à des rassemblements de grande envergure.

Le Premier ministre fait face depuis deux semaines à un mouvement de protestation de la droite et de l'extrême droite après avoir avoué avoir délibérément menti sur son programme économique afin d'assurer sa réélection en avril dernier. Ce mouvement, qui a culminé le 23 septembre avec plus de 20.000 personnes devant le parlement à Budapest, avait été marqué à ses débuts par les pires émeutes en Hongrie depuis la fin du communisme en 1989, avec un bilan de plus de 250 blessés.

Dimanche, la coalition a essuyé une sévère défaite lors d'élections locales, tout en parvenant à sauver la capitale Budapest, une ville-clé au plan politique. Après le scrutin, Viktor Orban et le président conservateur, Laszlo Solyom, avaient réclamé le départ du chef du gouvernement. Celui-ci a refusé "d'admettre qu'il a utilisé des moyens inadmissibles pour conserver le pouvoir (minant) la confiance dans le démocratie", a dénoncé le chef de l'Etat.

Laszlo Solyom a toutefois reconnu que l'assainissement budgétaire engagé par le gouvernement représentait un des objectifs "les plus urgents" du pays. La Commission européenne a validé mardi dernier le programme d'austérité de Ferenc Gyurcsany pour ramener le déficit public à 3,2% du PIB en 2009 contre 10,1% attendus cette année, par des hausses d'impôts et des réductions des prestations publiques.

"Il est tout à fait possible de continuer à gouverner ainsi, les socialistes et les libéraux bénéficiant d'une majorité nette" au parlement, a déclaré à l'AFP le politologue Zoltan Somogyi, de l'institut Political Capital. "Mais nous pouvons nous attendre à une atmosphère politique très tendue, avec le Fidesz, la droite conservatrice, continuant de remettre en question la légitimité du gouvernement", a-t-il prédit. Le Fidesz a remporté dimanche le contrôle de 18 des 20 assemblées départementales avec 52,62% des voix contre 37,73% à la coalition, et 16 des 23 principales villes du pays, retournant le score d'il y a quatre ans. Le maire libéral de Budapest, Gabor Demszky, a toutefois été réélu avec 46,86% des voix, contre 45,20% à son opposant de droite, pour un cinquième mandat. Budapest, qui compte un cinquième de la population du pays, reste donc acquise à la coalition gouvernementale.

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