Mittal Steel plaide pour un "mariage entre égaux" avec Arcelor

Le géant anglo-néerlandais de l'acier qui vient de lancer une OPA de 18,6 milliards d'euros, déclare que cette offre est amicale. Mittal Steel indique qu'il avait déjà sollicité un rapprochement avec Arcelor mi-janvier.

"C'est une opération géante, un mariage entre deux grands groupes pour créer un groupe encore plus grand et performant". Au cours d'une conférence de presse convoquée aussitôt à Londres, Lakshmi Mittal, président et directeur général de Mittal Steel, utilise les superlatifs pour présenter son offre sur Arcelor. Il affirme que la démarche vis-à-vis du groupe français n'est pas hostile, car la logique et la structure de l'offre répondent plutôt à celles d'un "mariage entre égaux". "Nous apprécions Arcelor, son management, sa stratégie internationale, ses compétences et sa position géographique; nous souhaitons travailler avec eux". Le groupe anglo-néerlandais dément aussi avoir des plans de fermetures d'usines ou de suppressions d'emplois.

Offre amicale, donc? A voir, car la direction d'Arcelor doit encore réagir. Lakshmi Mittal a révélé avoir approché Arcelor le 14 janvier pour "évoquer l'idée" d'un mariage. Le patron d'Arcelor, Guy Dollé aurait repoussé la proposition en avançant des "difficultés". Mittal a réitéré ses propositions dans les jours suivants, et encore hier soir, sans succès. Ce matin, apparemment après une dernière tentative téléphonique sans réponse, la décision de lancer l'offre a été prise. Dates précises, langage clair: c'est le style de la famille Mittal, père et fils. Ce dernier, Aditya, âgé de 29 ans et occupant le rôle de directeur financier (CFO) côtoyait le père dans la conférence de presse et paraissait sans complexes. "Je voudrais ajouter que la dernière discussion, hier soir, à été très brève", lance-t-il, froid, suscitant le sourire des journalistes présents.

Selon Lakshmi Mittal, la logique du mariage entre grands groupes était dans l'air depuis 2001. C'est alors que l'industrie de l'acier s'est engagée dans "la voie de la consolidation", le marché étant très fragmenté. Ensemble, Mittal et Arcelor, respectivement numéro un et numéro deux de l'acier mondial, détiendront, si l'opération aboutit, environ 10% du marché global. De quoi rendre confiant l'initiateur de l'offre qu'il n'y aura pas de problèmes au niveau de la concurrence. L'approbation des gendarmes de la concurrence n'est d'ailleurs pas une condition pour que l'offre devienne irrévocable. Mittal promet néanmoins d'ouvrir "bientôt" des discussions avec les autorités de la concurrence en Europe, en Amérique et ailleurs dans le monde.

Le profil géographique des deux groupes serait aussi compatible. Le groupe anglo-néerlandais est fort en Amérique du Nord, Asie et Afrique, alors que le français est actif en Europe et en Amérique Latine. "Complémentarité géographique et de métiers", est donc le message. La seule zone apparente où les deux groupes seraient redondants est le Canada. C'est la raisons pour laquelle Mittal a aussi annoncé hier un accord avec l'allemand Thyssen Krupp pour lui revendre Dofasco, l'entreprise canadienne qu'Arcelor vient tout juste de souffler à... ThyssenKrupp lui-même. Sollicité à ce sujet, Lakshmi Mittal affirme avoir contacté le groupe allemand mercredi dernier, après avoir reçu un premier refus de la part d'Arcelor et avant l'ultime tentative à son égard.

C'est donc un grand pari que lance Mittal, qui compte pour l'heure sur l'ouverture au dialogue d'Arcelor. Vendredi après-midi, le groupe anglo-néerlandais ne pouvait pas dire si un contact avec le Français sera établi dès ce week-end. La balle est maintenant dans le camp d'Arcelor.

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