Quand la Bourse carbure à l'or noir

Les indices des pays arabes ont raflé la vedette à toutes les autres Bourses mondiales l'an passé. Des places dopées aux pétrodollars des riches monarchies du Golfe...

Si leur religion ne le leur interdisait pas, les responsables des Bourses arabes pourraient sabler le champagne en l'honneur du fantastique cru 2005.... Le principal indice égyptien, le CASE 30, a flambé de 146%: il remporte la médaille d'or de la plus belle performance de 2005, notamment grâce aux privatisations. Vient ensuite l'indice de la place de Dubaï, qui s'est adjugé 130%, tandis que les Bourses saoudienne et jordanienne ont globalement doublé. Des progressions impressionnantes à rendre ridicule le parcours pourtant plus qu'honorable du CAC 40 à la Bourse de Paris (+23%). Le phénomène ne peut plus être ignoré : sur les 80 indices mondiaux que scrute la célèbre agence financière Bloomberg, les indices arabes ont ravi huit des dix premières places au palmarès de 2005 ! Une sacrée claque pour Wall Street où la flambée de l'or noir s'est traduite en année blanche pour le Dow Jones...

Il ne s'agit plus de petites places exotiques que les investisseurs pourraient considérer avec un mélange de curiosité et de condescendance. La capitalisation cumulée des sept pays du Golfe persique a quasiment doublé en un an pour frôler les 1.000 milliards de dollars... soit peu ou prou autant que les sociétés du CAC 40 ! Le bond des cours du brut a renchéri les coûts de production et de transport de la plupart de nos grandes entreprises, aux marges de rentabilité sous pression. A l'inverse, les Bourses arabes carburent aux pétrodollars. Les beaux jours de l'or noir ont rendu encore plus prospères ces nations déjà opulentes. A la différence des précédentes périodes de hausse du prix du pétrole, les investisseurs arabes ont préféré ces dernières années déverser leur flot de liquidités sur les places locales. Bien leur en a pris : la flambée n'a rien d'un feu de paille. L'indice de Dubaï, par exemple, a été multiplié par dix en cinq ans.

La santé florissante des économies des pays arabes est au fondement de cette expansion boursière, qui n'est cependant pas exempte d'excès ni invulnérable aux corrections. Les multiples de 30 à 40 fois les bénéfices auxquels se traitent la plupart des valeurs aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite ou au Qatar, voire de 50 à 80 fois dans le secteur très recherché de l'énergie ne sont sans pas tenables à moyen terme. Certaines sociétés sont surévaluées, au dire même du prince saoudien Al Waleed, le cinquième homme le plus riche du monde. Certes, les cours du pétrole devraient rester élevés en 2006, au-dessus de 50 dollars voire au-delà. Mais les investisseurs pourraient prendre leurs bénéfices et chercher ailleurs des placements moins onéreux. La bulle du pétrole, qui a enfanté une bulle immobilière et une bulle boursière, pourrait bien alors éclater...

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