Le black-out de BlackBerry, cauchemar de Wall Street

L'inventeur du téléphone intelligent BlackBerry se voit menacé d'une suspension de son service aux Etats-Unis. A Wall Street, personne n'ose croire à ce scénario catastrophe.

Les banquiers et les analystes de Wall Street, autant que les Pdg des sociétés qui y sont cotées, sont tous "accros" au téléphone BlackBerry, qui permet de lire et envoyer des emails. Au point que le fameux terminal à clavier est surnommé "CrackBerry" outre-Atlantique pour son caractère diablement addictif. La firme canadienne Research In Motion qui a inventé ce "must-have" de la finance, sorte de "gameboy" pour adultes, est menacée de black-out aux Etats-Unis, où se trouvent 70% de ses clients : une société américaine, NTP, lui reproche d'avoir utilisé sans son autorisation plusieurs de ses brevets pour la conception de son Blackberry. L'affaire dure depuis quatre ans. La prochaine audience du procès vient d'être fixée au 24 février : elle pourrait décider de la suspension des ventes et du service sur le territoire américain.

La fin du BlackBerry pourrait provoquer des turbulences majeures dans le petit microcosme de la Bourse de New York. Elle ferait "exploser les ventes de Prozac chez les Pdg" expliquait, à moitié sérieux, le patron du courtier E-Trade en marge du forum de Davos, où presque tous les participants ne quittent pas, même la nuit, leur précieux outil de messagerie, dont le génie est de donner l'illusion de l'ubiquité. Version des années 2000 de la crampe de l'écrivain, les financiers souffrent du "pouce BlackBerry" : des spas haut de gamme proposent même des massages BlackBerry pour utilisateurs compulsifs...

On imagine l'émoi, à Wall Street, à la perspective de cette débâcle pour la firme basée à ... Waterloo, dans l'Ontario. Curieusement, Research In Motion, n'a pas subi la défection de contingents entiers d'investisseurs sur le Nasdaq, où elle est cotée depuis 1999. L'action RIM, tombée sous les 60 dollars fin octobre, a même repris de la hauteur ses derniers temps. Le cours a été multiplié par six depuis le dépôt de la plainte de NTP, portant la capitalisation de RIM à près de 13 milliards de dollars. Les analystes n'appliquent qu'une probabilité de 5% à l'hypothèse d'un désastreux black-out. Les adulateurs de la "mûre" (blackberry en français) seraient-ils aveuglés par leur ferveur, et inconsidérément optimistes ? Ils jugent simplement impensable que le groupe canadien se résigne à une issue aussi funeste et sont convaincus qu'il s'emploiera à négocier un règlement amiable. A l'unanimité des estimations, il en coûtera un milliard de dollars à Research In Motion. Le prix de la tranquillité mais aussi d'un avenir radieux en Bourse.

Si cette épée de Damoclès est levée, RIM pourrait bien se retrouver dans le portefeuille de tous les financiers de Wall Street, et plus simplement dans leur poche. Malgré sa formidable résistance aux scénarios les plus noirs, l'action RIM pourrait valoir 50% de plus qu'aujourd'hui. Et ne plus valoir 25 fois ses bénéfices mais peut-être 40 fois comme Apple. Le cours de la mûre pourrait ainsi suivre celui de la pomme, qu a plus que doublé l'an dernier...

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