Ebranlée par le scandale Livedoor, la Bourse de Tokyo tente de réagir

La Bourse de Tokyo a dû interrompre la séance avant la clôture pour la première fois de son histoire en raison de volumes d'ordres de ventes excessifs, liés au scandale financier d'un célèbre portail Internet japonais, Livedoor. Le Premier ministre est intervenu pour rassurer les investisseurs.

Tremblement de terre à la Bourse de Tokyo. Ce mercredi, la place nippone a clôturé toutes les transactions financières sur son marché vingt minutes avant l'heure normale de clôture. La Bourse japonaise a justifié cette décision historique par d'importants volumes d'ordres qui menaçaient une saturation de son système informatique.

Ces ordres de vente ont entraîné l'indice Nikkei dans une chute libre. Lors de l'interruption, il perdait 2,94% à 15.341,18 points. La cause de ce mouvement de panique s'appelle Livedoor.

Ce portail Internet est soupçonné par la justice nippone de manipulation de cours afin d'accroître sa valorisation en Bourse. Ses manoeuvres lui auraient permis de s'enrichir et de financer plusieurs acquisitions. D'autres soupçons de fraudes comptables et de falsifications de bilan lors de l'exercice 2004 pèsent sur Livedoor.

Ce groupe étant considéré jusqu'à présent comme un modèle de réussite de l'économie Internet japonaise, le scandale a provoqué la panique des investisseurs qui craignent une contagion dans tout le secteur.

L'alerte avait été donnée lundi. Livedoor avait déjà perdu hier 14,37% de sa valeur et avait entraîné avec elle tout le Nikkei qui avait lui-même reculé de 2,84%. Soit une chute de près de 6% en deux jours (voir ci-contre).

Véritable emblème du secteur Internet nippon, Livedoor est dirigé par un homme d'affaires d'une trentaine d'années, Takafumi Horié. Peu aimé des milieux traditionnels feutrés de la finance japonaise en raison de son culot, il s'affiche sans complexe dans les stades ou dans les médias.

Il s'était notamment fait remarquer en mars 2005 en lançant la première OPA hostile au japon sur Nippon Broadcasting et sa chaîne de télévision Fuji-TV (voir ci-contre). Il avait finalement échoué dans ce rachat non sollicité dans un pays où le rapprochement entre deux entreprises se fait traditionnellement par de longues négociations et non par des raids hostiles.

Dans l'immédiat, le scandale et ses répercussions sur le fonctionnement de la Bourse de Tokyo ont suscité un véritable vent de panique au Japon. Au point que le Premier ministre, Junichiro Koizumi, a dû intervenir pour tenter de rassurer ses compatriotes. La paralysie de la Bourse, a-t-il affirmé, n'est que temporaire et ne remet pas en cause la santé de l'économie japonaise, qui demeure "solide". Soulignant l'insolente santé manifestée par la Bourse de Tokyo ces derniers mois, le Premier ministre a enjoint au marché de faire "tout le nécessaire pour faire face à la situation".

A la Bourse de Tokyo, de fait, c'est la mobilisation générale. Selon Taizo Nishimuro, président du marché, c'est bien l'encombrement du système informatique par un afflux exceptionnel d'ordres de vente qui a bloqué le système. D'où une première mesure pour faciliter un retour à la normale: à partir de demain, et pour une période indéterminée, la durée de la séance sera raccourcie de 30 minutes.

Alors que le marché ferme habituellement à l'heure du déjeuner de 11h à 12h30, il ne rouvrira, dans les jours qui viennent, qu'à 13h. Les autorités de marché ont également annoncé que les transactions seront interrompues si le nombre d'ordres dépasse les 8,5 millions et le nombre de transactions effectuées les 4,5 millions.

La Bourse de Tokyo souffre d'un problème d'insuffisance de ses moyens informatiques bien identifié. Au début de novembre, une panne avait retardé de plusieurs heures l'ouverture du marché. L'institution va donc devoir mener un vaste effort de modernisation de ses installations.

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