La revanche des contenus sur la planète télécoms

La semaine écoulée démontre que les opérateurs télécoms sont soumis à de rudes secousses. L'avenir du mobile serait moins radieux que prévu et celui des réseaux fixes haut débit impose des partenariats avec le monde des médias et de la production de contenus.

L'annonce cette semaine de Télécom Italia d'une possible cession de TIM, sa branche mobiles, ou en tous cas, pour commencer, d'une séparation du reste de l'activité, a d'abord surpris, puis suscité l'incompréhension. Pourquoi revenir sur une stratégie qui avait conduit, il y a deux ans, à racheter la totalité du capital de TIM? L'avenir, comme on l'a martelé depuis des mois, n'est-il pas à la convergence fixe-mobile?

A la réflexion, et sans sous-estimer les raisons purement financières du choix d'un Telecom Italia surendetté de réduire son périmètre d'activité, la décision de l'opérateur de privilégier son réseau fixe pour vendre de l'accès Internet et distribuer des contenus apparaît comme le signe d'un changement de tendance plus général.

Au même moment, on a vu Vodafone, opérateur mobile par excellence, décider de s'allier avec BT, pour proposer l'accès Internet aux Britanniques. Et Free annoncer un investissement dans la fibre optique, pour proposer à ses abonnés du très haut débit.

En parallèle, et même si le rapport avec les événements précédents n'est pas évident a priori, Didier Quillot, l'homme qui a porté depuis 2000 la première marque de téléphonie mobile française, Orange, quitte la sphère télécoms pour aller dans un groupe de médias, Lagardère. Il va y chapeauter la conversion à la distribution des contenus sur Internet.

Pour le compte d'Orange, Didier Quillot n'avait pas hésité à se lancer dans l'achat de droits sur des programmes, comme ceux de la Ligue 1 de football, ou à négocier des exclusivités sur la musique, comme le dernier album de Madonna, se posant en concurrent des vieux médias et des distributeurs traditionnels de contenus.

Tous ces événements n'indiquent-ils pas que l'avenir du mobile est perçu comme moins florissant que promis? La pression des régulateurs nationaux ou européen sur les tarifs rogne les marges des services traditionnels, voix ou SMS. L'implantation des mobiles 3G est plus poussive que prévu, et les consommateurs équipés ne se ruent pas sur les services multimédia qu'elle autorise. Du coup, le balancier revient en faveur de réseaux fixes au débit poussé, avec l'espoir de voir la demande des consommateurs exploser, compte-tenu de l'appétit déjà avéré du public pour le téléchargement ou la mise en ligne de musique et de films, ainsi que pour la haute définition.

Et ce mouvement semble redonner du poids aux producteurs de contenus et aux groupe de médias qui détiennent les clés du développement de ces usages. On est passé de la convergence fixe-mobile à la convergence contenus-contenants, explique dans un entretien au journal Le Monde Didier Pouillot, de l'institut d'analyse Idate.

L'accent exagérément mis sur l'accord entre Telecom Italia et News Corp., le groupe de Rupert Murdoch, qui ne porte en fait que sur la possibilité de diffuser quelques centaines de films de la Fox sur les réseaux de Telecom Italia, en est l'illustration. Devenir un groupe de médias, voire être racheté par l'un d'eux: c'est ainsi qu'a été analysé le changement de stratégie de Telecom Italia.

Il n'y a pas si longtemps, les groupes médias français se voyaient menacés par la puissance et le cash-flow des opérateurs télécoms. C'est au nom de cette menace que les frères ennemis d'hier, Canal Plus, TF1 et M6, ont enterré la hache de guerre et fusionné leurs activités de télévision payante. En un été, la roue semble avoir tourné.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.