Transfert des ports nationaux : le compte n'y est pas pour les régions

Dans le cadre de sa politique de transfert de propriété aux collectivités locales, l'Etat vient de céder 18 ports français. Pour certaines régions, il s'agit plutôt d'un cadeau empoisonné. Ainsi la Bretagne et la Basse Normandie dénoncent le sous-investissement latent des pouvoirs publics et le manque de moyens mis à leur disposition.

La décentralisation des ports fait grincer plus d'une dent. Décidée par la loi du 13 août 2004, elle prévoyait le transfert de 18 ports d'intérêt national sous la coupe des collectivités locales. C'est le cas depuis le 1er janvier. Au ministère des affaires étrangères, on juge que ces transferts offrent "des perspectives prometteuses", mais dans certaines régions, les élus dénoncent le sous-investissement de l'Etat ces dernières années.

Parmi les ports transférés, Saint-Malo, Brest et Lorient rejoignent le giron du conseil de Bretagne... en bien piteux état d'après le président socialiste de la région Jean-Yves Le Drian. "Plus de la moitié des investissements prévus pour les ports dans le cadre du contrat de plan 2000-20006 n'ont pas été réalisés", affirme l'élu.

Pour sa région, la convention de transfert prévoit le versement par l'Etat d'une enveloppe globale de 1,3 million d'euros annuels, un chiffre qui correspond aux sommes dépensées en moyenne ces trois dernières années dans les installations portuaires bretonnes.

Dominique Perben, le ministre des Transports assure que "durant l'année 2006, les projets d'investissements de ces ports (nationaux) ont été significativement accélérés, (...) signe que l'Etat, loin de se désintéresser de ces ports, (...) a voulu les préparer au mieux pour l'avenir". La Bretagne, elle, chiffre à près de 55 millions d'euros, les investissements nécessaires pour remettre en état les trois ports dont elle hérite et qui traitent 7,5 millions de tonnes de marchandises par an.

Dominique Perben est même désavoué dans son propre camp: "L'Etat doit transférer des infrastructures opérationnelles. Il doit réaliser des investissements prévus, qu'il n'a pas encore faits, soit plusieurs dizaines de millions d'euros", estime Claudine Péron, conseillère régionale UMP en Bretagne.

A Brest, on aurait plutôt tendance à abonder dans le sens de la région. "C'est certain que l'Etat mettait très peu d'argent dans les ports", affirme Jean-Luc Peletier, directeur de l'équipement à la chambre de commerce de la ville. "On espère que ce sera mieux avec la région."

La Basse-Normandie partage les mêmes griefs que son voisin breton. Elle a désormais la charge des ports de Caen-Ouistreham et de Cherbourg. D'après Antoine de Gouville, de la chambre de commerce de Caen, la région semble vouloir "se donner les moyen" après avoir dénoncé l'Etat pour le "non-respect de ses engagements".

Outre cet aspect financier, le port de Caen se réjouit de passer sous la tutelle d'une autorité locale "complètement intéressée dans la gestion du territoire" et qui prendra "des décisions pragmatiques". Encore faut-il que la région Basse-Normandie en ait les moyens.

Les 18 ports français transférés de l'Etat aux régions
Boulogne et Calais, Dieppe, Caen-Ouistreham et Cherbourg, Brest, Saint-Malo et Lorient, Le Fret (commune de Crozon) et Roscanvel, Concarneau, La Rochelle (port de pêche), Bayonne, Port-la-Nouvelle et Sète, Toulon, Nice, et le Larivot en Guyane.

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