Santé : régionalisation et prévention font consensus parmi les candidats à la présidentielle

Reléguées au deuxième plan de la campagne électorale, les questions de santé seront pourtant l'un des grands enjeux du prochain quinquennat. Si la régionalisation de la politique de santé et le développement de la prévention font consensus dans la classe politique, c'est encore et toujours la question du financement qui suscite le plus de débat.

"La question de la santé est un peu l'angle mort de la campagne électorale. On aborde toujours ce thème sous l'angle des dépenses de santé (...). Le quinquennat qui vient sera d'abord celui des questions de santé, plutôt que des retraites", a regretté jeudi matin Jean-Marie Leguen, député PS de Paris et responsable des questions de santé pour le groupe socialiste à l'Assemblée nationale, lors d'une table-ronde organisée par l'Association des journalistes de l'information sociale (AJIS) réunissant Yves Bur, député UMP du Bas-Rhin et vice-président de l'Assemblée nationale, André Cicolella, charge de la commission santé des Verts, et Jean-Marie Vanlerberghe, sénateur-maire d'Arras (UDF).

Revenant sur la réforme de 2004 sur la santé qui a mis en place une nouvelle gouvernance au sein de l'assurance maladie, Yves Bur (UMP) estime qu'elle a "permis quelques avancées dans certains domaines comme l'appropriation par l'assurance-maladie de la gestion du risque. Aujourd'hui, elle devient un payeur intelligent. Mais le travail est long et n'est pas encore complètement abouti", a-t-il indiqué.

Sur les questions de gouvernance, Jean-Marie Leguen estime pour sa part qu' "il faut un déconcentration régionale". Il s'est également montré en désaccord avec l'idée exprimée hier par François Bayrou, candidat UDF à la présidentielle "d'associer les professionnels de santé à la gestion des caisses, car cela créerait de l'immobilisme". En revanche, il se montre tout à fait favorable pour associer les professionnels au dialogue social et à la "gestion de l'offre de soins, dans les hôpitaux et les maisons de retraite, ou les réseaux de soins. Il estime qu'il faut changer de paradigme et entrer dans une culture de santé et non plus d'assurance maladie". Il plaide donc pour une "politique de santé durable" qui aborde des thèmes de santé publique, comme l'alimentation. Dans ce cadre, le plan régional peut être utile et l'association de tous les acteurs est très importante. Les soins "doivent intégrer une dimension préventive".

Favorable également à la régionalisation, André Cicolella (Verts) estime que "la régionalisation est la clé de la réforme" et plaide notamment pour la création d'une Agence de santé environnementale. Même voix positive sur la régionalisation à l'UDF, où Jean-Marie Vanlerberghe souhaite "juguler le phénomène de désertification". La régionalisation de la politique de santé fait donc consensus. "Mais attention aux modes, prévient Yves Bur, ce n'est pas la réponse à tout. C'est un outil parmi d'autres".

Après la régionalisation, la prévention est l'autre grand thème sur lesquels se retrouvent les différents candidats. Tous les sujets de santé publique sont visés, comme l'obésité, le diabète, l'alcool, le tabac... Pour Yves Bur, nous devons "amplifier les politiques de santé publique. On n'a pas trouvé en France comment à partir d'indicateurs connus, trouver une politique de santé publique. Ce n'est pas qu'une question de dépenses. Il faut voir comment organiser l'offre de soins. Il faut sortir de la négociation conventionnelle, car on a l'impression que tout tourne autour de la consultation".

C'est sans surprise sur les questions de financement que les divergences sont les plus fortes. L'UMP propose la création d'une franchise - au montant pour le moment indéterminé - qui resterait à la charge des assurés sociaux. Reste que pour Yves Bur, peu favorable à titre personnel à cette mesure, "ce n'est pas à travers la franchise qu'on règle le problème". Pour lui, la question est davantage de savoir "comment trouver des solutions sans alourdir le coût du travail". Et il regarde de près les effets de la TVA sociale, mise en place en Allemagne.

De leur côté, les Verts proposent une CSG sur les profits, tandis que Jean-Marie Leguen estime que la franchise "est un transfert de charges sur l'usager" et n'est "pas sur une position de baisser les prélèvements obligatoires", comme Nicolas Sarkozy, car "les dépenses de santé vont augmenter". Et de préconiser la mise en place d'un "système de panier de soins". On doit avoir un débat sur ce qui doit être remboursé ou non", indique-t-il.

A l'UDF, plusieurs pistes sont à l'étude, a indiqué Jean-Marie Vanlerberghe, comme la CSG, la TVA sociale, la taxe sur les flux financiers et "la taxe écologique qui se profile".

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